lundi 28 février 2011

[revue de presse] - [94] - [13-28 février 2011]

France 24 (21.02.2011)
"Entretien  avec Fabrice Arfi  (Mediapart) et reportage au Pakistan avec Matthieu Brulliard, correspondant F24 à Islamabad"



LeMonde.fr / Gérard Davet (14.02.2011)
"...En effet, ce document, récemment transmis par le ministère des affaires étrangères, à la demande du magistrat, et que Le Monde a pu consulter, pose la question du degré de connaissance qu'ont eu les socialistes, revenus au pouvoir en 1997, sur les conditions douteuses dans lesquelles la vente de sous-marins français au Pakistan – le contrat Agosta – avait eu lieu trois ans plus tôt, en 1994, sous le gouvernement Balladur. Or, le juge Trévidic estime que l'arrêt du versement des commissions – 122 millions d'euros – promises à divers intermédiaires pour la vente des sous-marins, a pu enclencher le mécanisme de l'attentat, qui a fait onze victimes françaises en 2002.
[...]
La note, datée du 29 août 1997, est signée de Pierre Sellal, alors directeur de cabinet du ministre socialiste des affaires étrangères (1997-2002) Hubert Védrine. Cette note est adressée à son ministre. "Le gouvernement pakistanais aurait décidé de lancer une offensive politique 'mains propres' qui pourrait avoir des conséquences délicates pour nous, écrit M. Sellal. L'affaire de la vente de sous-marins Agosta qui ferait l'objet d'une enquête pourrait en effet impliquer d'anciens ministres de la défense (MM. Pierre Joxe et Léotard) et M. Nicolas Bazire."
Tant Nicolas Bazire, directeur de cabinet du premier ministre Edouard Balladur de 1993 à 1995, que François Léotard, ministre de la défense de ce même gouvernement Balladur, ont effectivement eu à connaître les détails de ce contrat Agosta. Pierre Joxe, ministre de la défense de François Mitterrand (1991 à 1993), a pour sa part engagé le processus de la vente, convenue lors de sa visite à Islamabad, le 24 septembre 1992.
[...]
Jusqu'ici, chiraquiens et balladuriens se renvoient la balle dans le dossier. François Léotard, ministre de la Défense à l'époque de la signature du contrat, ou Renaud Donnedieu de Vabres, alors membre de son cabinet, ont ainsi affirmé que Dominique de Villepin et Jacques Chirac, en interrompant brutalement les flux d'argent des commissions versées aux intermédiaires, car ils soupçonnaient qu'une partie de ces fonds revenait en France au bénéfice de leurs adversaires balladuriens, avaient pu déclencher la colère de certaines autorités pakistanaises.
La gauche avait jusqu'à présent été peu concernée par l'affaire. Le rapport parlementaire sur l'attentat indiquait qu'en 1998, suite à un rapport, Dominique Strauss-Kahn, alors ministre de l'économie et des finances, et Alain Richard, ministre de la défense, ont pointé leurs inquiétudes quant au fait que la direction des constructions navales (DCN), opératrice de la vente, était déficitaire sur ce contrat.
Alain Richard aurait par ailleurs, en 2001, cherché à faire revenir les techniciens de l'entreprise qui travaillaient au Pakistan, ceux-là même qui seront visés par l'attentat, deux jours après le départ de M. Jospin de Matignon. L'ancien ministre de la défense a cependant assuré qu'il n'avait jamais eu vent de menaces directes sur ces personnels."


A LIRE EGALEMENT : 


Le Figaro / Afp (16.02.2011)
"...Le juge chargé de l'enquête sur l'attentat de Karachi en 2002 a fait savoir aux familles de victimes qui réclamaient l'audition de Jacques Chirac qu'il n'utiliserait pas "la contrainte" pour obtenir ce témoignage, selon une source proche du dossier..." 
Article complet : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/02/16/97001-20110216FILWWW00463-karachi-chirac-pas-convoque-de-force.php



PEARLTREE DES LIENS DE FÉVRIER 2011 :

samedi 12 février 2011

[revue de presse] – [93] – [6-12 février 2011]



Challenges.fr

« Le juge antiterroriste Marc Trévidic, chargé de l'enquête sur l'attentat de Karachi (Pakistan) en 2002, ne pourra pas compter sur l'audition de Jacques Chirac, ce dernier ne comptant pas répondre à une éventuelle convocation comme témoin, a indiqué vendredi 11 février une source proche du dossier, confirmant une information de Paris Match.

Le juge Trévidic avait récemment écrit à l'avocat de l'ancien Président, Me Jean Veil, pour déterminer les conditions dans lesquelles il pourrait être entendu.

...

Selon cette source, Jacques Chirac a invoqué l'article 67 de la Constitution, selon lequel le président de la République n'est pas responsable des actes accomplis en cette qualité, et l'article 16 de la déclaration des droits de l'Homme sur la séparation des pouvoirs.

En juin 2007, il avait refusé de témoigner devant les juges instruisant l'affaire Clearstream, estimant qu'il ne pouvait "être contraint à fournir un témoignage sur des faits accomplis ou connus durant son mandat".
François Léotard, ministre de la Défense du gouvernement d'Edouard Balladur lors de la vente au Pakistan en 1994 de sous-marins Agosta, a déclaré le 31 janvier au juge que l'attentat pourrait notamment être dû à l'arrêt, décidé par Jacques Chirac en 1995, du versement des commissions sur ce contrat. 
L'attentat de Karachi qui avait fait 15 morts, dont 11 salariés français de la Direction des constructions navales. »


Autres articles :




Jean Guisnel, Owni
"Jean Guisnel est journaliste au Point, où il suit les questions de défense et de nouvelles technologies. Il publie aux éditions La Découverte une enquête intitulée Armes de corruption massive, secrets et combines des marchands de canon. OWNI l'a interviewé et publie trois extraits de son nouveau livre. Retrouvez également comment la France a, en 2007, échangé les infirmières bulgares contre des missiles à la Libye et les mésaventures américaines du Rafale au Maroc.
L'affaire Karachi occupe un long chapitre de l'ouvrage de Jean Guisnel. Présent dans la ville pakistanaise avec la nouvelle ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, au lendemain de l'attentat à la voiture piégée qui a fait 14 morts le 8 mai 2002, le journaliste détaille les différentes hypothèses susceptibles d'expliquer les raisons de cet acte. Sans trancher de manière définitive (il ne croit pas au lien entre l'arrêt du versement des commissions et l'attentat), il revient sur le ballet des intermédiaires qui a entouré le contrat Agosta (vente de trois sous-marins au Pakistan), mais aussi les contrats Sawari 2 et d'autres, moins connus.
Où se révèle le rôle de premier plan joué par François Léotard (Parti Républicain) alors ministre de la Défense, soupçonné d'avoir ainsi favorisé le financement de la campagne électorale d'Edouard Balladur en 1995.  Extrait.

L'activisme du ministre de la Défense François Léotard

Nous pouvons être un peu plus précis : en 1995, la colère chiraquienne contre François Léotard et les éventuels « retours de commissions » qui auraient été organisés par ses soins au profit d'Édouard Balladur, concerne au moins trois contrats, celui des sous-marins pakistanais n'étant que le premier.
Le deuxième est l'achat par la France de drones (petits avions d'espionnage télécommandés) de type RQ-5 Hunter auprès d'Israel Aircraft Industries (IAI). François Léotard s'était en effet personnellement et très fortement impliqué dans cette affaire, au grand dam de plusieurs industriels nationaux, dont Sagem, qui estimaient disposer d'un matériel répondant tout aussi bien aux besoins de l'armée française1 . Les drones Hunter étaient destinés à la toute nouvelle Direction du renseignement militaire (DRM), mais celle-ci se montrera pour le moins réticente en raison des très médiocres qualités de l'engin. Quatre appareils seront finalement acquis, par l'entremise d'un agent à la fois bien introduit en Israël et très en vue sur la place de Paris, où il exerce alors le noble métier d'éditeur. Les drones arriveront en France en 1999, sans jamais quitter leur affectation au Centre d'expériences aériennes militaires (CEAM) de Mont-de-Marsan, sinon pour effectuer quelques missions au-dessus du Kosovo, en 1999, et lors du G7 d'Évian en 2003…. »




L'Express
« Un cambriolage a eu lieu chez un journaliste auteur de révélations sur les affaires Bettencourt et Karachi, annonce mercredi son employeur, le site internet d'information Mediapart.
Fabrice Lhomme, qui travaille occasionnellement dans ce studio du XIVe arrondissement de Paris mais n'y réside pas, s'est notamment fait dérober lundi un ordinateur portable et un disque dur externe mais pas d'argent liquide ni des bijoux pourtant bien en vue, relate Mediapart, soulignant que "le studio ne semble pas avoir été fouillé".
Les locaux du site internet ont été visités en octobre dernier et des CD-Roms contenant des dossiers sensibles sur les liens entre l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt et le pouvoir avaient été dérobés.
Les ordinateurs de deux autres journalistes en pointe sur cette affaire aux implications politiques, Gérard Davet du Monde et Hervé Gattegno du Point, ont également été volés en octobre dernier.
"Il ne faut pas sombrer dans la paranoïa", dit Fabrice Lhomme, cité par Mediapart. "Pour l'instant, s'agissant de mon studio, même si certains éléments peuvent paraître troublants, je privilégie la piste du maraudeur. Mais vu le contexte, on ne peut exclure aucune hypothèse."
Fabrice Lhomme a, avec son collègue Fabrice Arfi, écrit un ouvrage faisant référence sur l'enquête dans l'attentat ayant causé la mort de 11 Français à Karachi en 2002.
Ils ont également révélé les implications politiques de l'affaire Bettencourt, qui a entraîné la mise à l'écart de l'ex-ministre du Travail Eric Woerth lors du remaniement de novembre dernier.





BONUS :
MARC TREVIDIC (juge affaire Karachi) SUR FRANCE INFO, 07/02/2011

Article complémentaire : 
ITW MARC TREVIDIC dans Métro

samedi 5 février 2011

[revue de presse] – [92] – [1 au 5 février 2011]



Le Monde.fr
Selon une source proche du dossier, l'ancien ministre François Léotard a fait part au juge Marc Trévidic, qui l'a entendu lundi 31 janvier dans l'enquête sur l'attentat de Karachi, de sa conviction d'avoir été placé sur écoute après l'élection deJacques Chirac en 1995. L'ancien ministre de la défense d'Edouard Balladur a été entendu comme témoin pendant plusieurs heures par le juge chargé de l'enquête sur l'attentat de mai 2002.
Le magistrat suit la piste d'un attentat qui aurait été organisé en réaction à l'arrêt du versement de commissions, décidé par Jacques Chirac en 1995, sur des contrats conclus par le gouvernement Balladur. Le successeur de François Léotard à la défense, Charles Millon, avait reconnu en novembre devant la justice que des membres du cabinet de M. Léotard avaient été placés sur écoute par la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Mais il avait précisé qu'"à [sa]connaissance" M. Léotard n'en faisait pas partie.
M. Chirac avait chargé certains services d'étudier à la loupe les contrats conclus par le gouvernement précédent, notamment par M. Léotard. Ces vérifications avaient fait naître des soupçons de "rétrocommissions" vers des décideurs français. Le juge chargé d'un autre volet de l'affaire Karachi, Renaud VanRuymbeke, avait demandé en novembre au premier ministre, François Fillon, de déclassifier le contenu des écoutes réalisées par la DGSE, mais celui-ci avait refusé, après un avis défavorable de la commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN).



Mediapart (payant), Fabrice Arfi, Fabrice Lhomme
Les familles de victimes de l'attentat de Karachi demandent au juge Trévidic l'audition comme témoin de Jacques Chirac. Lundi, l'ancien ministre de la défense François Léotard avait affirmé, dans une déposition à laquelle Mediapart a eu accès, que l'arrêt décidé par M. Chirac du versement de commissions était sans doute lié à l'acte terroriste qui a coûté la vie à onze Français en mai 2002.



 

L'Alsace

« …Ils ont réitéré ce souhait dans un courrier de leur avocat Olivier Morice adressé à Marc Trévidic et publié jeudi par Mediapart et le Monde. 

«Il est indispensable à la manifestation de la vérité que M. Jacques Chirac puisse être entendu, en qualité de témoin, notamment vis-à-vis des accusations qui sont portées contre lui par M. François Léotard et sur les circonstances exactes ayant conduit à l´arrêt du versement de certaines commissions du contrat Agosta» de vente de sous-marins au Pakistan, écrit l´avocat. 
François Léotard a assuré lundi devant le juge Marc Trévidic que l´arrêt des commissions versées sur des contrats d´armement, décidé par Jacques Chirac, avait pu être le «détonateur» de l´attentat de Karachi en 2002, selon l´avocat des familles de victimes. 
En juin 2007, Jacques Chirac avait refusé de témoigner devant les juges instruisant l´affaire Clearstream, estimant qu´il ne pouvait «être contraint à fournir un témoignage sur des faits accomplis ou connus durant son mandat». 
En novembre, l´avocat des familles de victimes avait déclaré qu´il demanderait l´audition de M. Chirac dans le cadre du volet financier de l´enquête sur Karachi instruit par le juge Renaud van Ruymbeke. 
François Léotard a également assuré lundi au juge Trévidic que les commissions versées sur le contrat Agosta n´avaient pas donné lieu au versement de rétrocommissions vers la France. 
La justice s´interroge sur l´existence d´éventuelles rétrocommissions liées à la vente de sous-marins au Pakistan qui auraient été destinées au financement de la campagne présidentielle de l´ex-Premier ministre Edouard Balladur. 
Fin 2010, l´ancien Premier ministre Dominique de Villepin, secrétaire général de l´Elysée au moment de la décision de M. Chirac d´interrompre les commissions, avait exclu tout lien avec l´attentat et assuré que l´arrêt des commissions avait été décidé en raison de soupçons de rétrocommissions sur certains contrats d´armement. »



AFP / VIdeo
La cour d'appel de Paris a refusé lundi 31 janvier la constitution de partie civile de familles de victimes de l'attentat de Karachi au Pakistan en mai 2002 dans le volet qui concerne des soupçons de corruption sur un contrat d'armement franco-pakistanais conclu en 1994.




France Info

"François Léotard "est au centre" de l'affaire des rétro-commissions, affirme Eva Joly. "Il y a une crainte à ce que le juge Van Ruymbeke arrive à remonter les montants et la distribution des rétro-commissions qui sont revenues en France, et qui ont bénéficié (...) aux forces politiques françaises", explique l'ancienne magistrate spécialiste des délits financiers.


"Je n'ai pas arrêté de dénoncer les entraves de la justice dans l'affaire Karachi. Lorsque Nicolas Sarkozy voulait supprimer le juge d'instruction, j'avais dit que c'était l'enquête Karachi qui lui faisait peur et qu'il était urgent pour lui de reprendre le contrôle", poursuit Eva Joly. 

"Est-ce qu'il y a eu des rétro-commissions, de quel montant et qui a pu en bénéficier ? Nous voyons bien que la justice essaye d'arrêter cette enquête parce qu'elle concerne, pas seulement Léotard, mais aussi Nicolas Sarkozy", martèle Eva Joly."






BONUS VIDEO :
TSR