samedi 12 février 2011

[revue de presse] – [93] – [6-12 février 2011]



Challenges.fr

« Le juge antiterroriste Marc Trévidic, chargé de l'enquête sur l'attentat de Karachi (Pakistan) en 2002, ne pourra pas compter sur l'audition de Jacques Chirac, ce dernier ne comptant pas répondre à une éventuelle convocation comme témoin, a indiqué vendredi 11 février une source proche du dossier, confirmant une information de Paris Match.

Le juge Trévidic avait récemment écrit à l'avocat de l'ancien Président, Me Jean Veil, pour déterminer les conditions dans lesquelles il pourrait être entendu.

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Selon cette source, Jacques Chirac a invoqué l'article 67 de la Constitution, selon lequel le président de la République n'est pas responsable des actes accomplis en cette qualité, et l'article 16 de la déclaration des droits de l'Homme sur la séparation des pouvoirs.

En juin 2007, il avait refusé de témoigner devant les juges instruisant l'affaire Clearstream, estimant qu'il ne pouvait "être contraint à fournir un témoignage sur des faits accomplis ou connus durant son mandat".
François Léotard, ministre de la Défense du gouvernement d'Edouard Balladur lors de la vente au Pakistan en 1994 de sous-marins Agosta, a déclaré le 31 janvier au juge que l'attentat pourrait notamment être dû à l'arrêt, décidé par Jacques Chirac en 1995, du versement des commissions sur ce contrat. 
L'attentat de Karachi qui avait fait 15 morts, dont 11 salariés français de la Direction des constructions navales. »


Autres articles :




Jean Guisnel, Owni
"Jean Guisnel est journaliste au Point, où il suit les questions de défense et de nouvelles technologies. Il publie aux éditions La Découverte une enquête intitulée Armes de corruption massive, secrets et combines des marchands de canon. OWNI l'a interviewé et publie trois extraits de son nouveau livre. Retrouvez également comment la France a, en 2007, échangé les infirmières bulgares contre des missiles à la Libye et les mésaventures américaines du Rafale au Maroc.
L'affaire Karachi occupe un long chapitre de l'ouvrage de Jean Guisnel. Présent dans la ville pakistanaise avec la nouvelle ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, au lendemain de l'attentat à la voiture piégée qui a fait 14 morts le 8 mai 2002, le journaliste détaille les différentes hypothèses susceptibles d'expliquer les raisons de cet acte. Sans trancher de manière définitive (il ne croit pas au lien entre l'arrêt du versement des commissions et l'attentat), il revient sur le ballet des intermédiaires qui a entouré le contrat Agosta (vente de trois sous-marins au Pakistan), mais aussi les contrats Sawari 2 et d'autres, moins connus.
Où se révèle le rôle de premier plan joué par François Léotard (Parti Républicain) alors ministre de la Défense, soupçonné d'avoir ainsi favorisé le financement de la campagne électorale d'Edouard Balladur en 1995.  Extrait.

L'activisme du ministre de la Défense François Léotard

Nous pouvons être un peu plus précis : en 1995, la colère chiraquienne contre François Léotard et les éventuels « retours de commissions » qui auraient été organisés par ses soins au profit d'Édouard Balladur, concerne au moins trois contrats, celui des sous-marins pakistanais n'étant que le premier.
Le deuxième est l'achat par la France de drones (petits avions d'espionnage télécommandés) de type RQ-5 Hunter auprès d'Israel Aircraft Industries (IAI). François Léotard s'était en effet personnellement et très fortement impliqué dans cette affaire, au grand dam de plusieurs industriels nationaux, dont Sagem, qui estimaient disposer d'un matériel répondant tout aussi bien aux besoins de l'armée française1 . Les drones Hunter étaient destinés à la toute nouvelle Direction du renseignement militaire (DRM), mais celle-ci se montrera pour le moins réticente en raison des très médiocres qualités de l'engin. Quatre appareils seront finalement acquis, par l'entremise d'un agent à la fois bien introduit en Israël et très en vue sur la place de Paris, où il exerce alors le noble métier d'éditeur. Les drones arriveront en France en 1999, sans jamais quitter leur affectation au Centre d'expériences aériennes militaires (CEAM) de Mont-de-Marsan, sinon pour effectuer quelques missions au-dessus du Kosovo, en 1999, et lors du G7 d'Évian en 2003…. »




L'Express
« Un cambriolage a eu lieu chez un journaliste auteur de révélations sur les affaires Bettencourt et Karachi, annonce mercredi son employeur, le site internet d'information Mediapart.
Fabrice Lhomme, qui travaille occasionnellement dans ce studio du XIVe arrondissement de Paris mais n'y réside pas, s'est notamment fait dérober lundi un ordinateur portable et un disque dur externe mais pas d'argent liquide ni des bijoux pourtant bien en vue, relate Mediapart, soulignant que "le studio ne semble pas avoir été fouillé".
Les locaux du site internet ont été visités en octobre dernier et des CD-Roms contenant des dossiers sensibles sur les liens entre l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt et le pouvoir avaient été dérobés.
Les ordinateurs de deux autres journalistes en pointe sur cette affaire aux implications politiques, Gérard Davet du Monde et Hervé Gattegno du Point, ont également été volés en octobre dernier.
"Il ne faut pas sombrer dans la paranoïa", dit Fabrice Lhomme, cité par Mediapart. "Pour l'instant, s'agissant de mon studio, même si certains éléments peuvent paraître troublants, je privilégie la piste du maraudeur. Mais vu le contexte, on ne peut exclure aucune hypothèse."
Fabrice Lhomme a, avec son collègue Fabrice Arfi, écrit un ouvrage faisant référence sur l'enquête dans l'attentat ayant causé la mort de 11 Français à Karachi en 2002.
Ils ont également révélé les implications politiques de l'affaire Bettencourt, qui a entraîné la mise à l'écart de l'ex-ministre du Travail Eric Woerth lors du remaniement de novembre dernier.





BONUS :
MARC TREVIDIC (juge affaire Karachi) SUR FRANCE INFO, 07/02/2011

Article complémentaire : 
ITW MARC TREVIDIC dans Métro