mardi 27 septembre 2011

[revue de presse] - [110] - [lundi 26 septembre 2011] - [Contre-attaque élyséenne]

L'INCENDIE GAGNE
L'alsace, Patrick Fluckiger 25/09

"...Il est malhonnête de sous-entendre que Karachi serait un complot judiciaire, car le dossier « sort » en début de campagne présidentielle. Voici des années que les familles des victimes de l’attentat se battent contre la version officielle qui accuse le trop commode Al Qaïda. Des recours en justice ont été déposés, des manifestations ont eu lieu, des livres ont été publiés en dehors de tout contexte électoral. Si les familles et les juges ne s’étaient pas vu opposer systématiquement le secret-défense, le dossier serait nettement plus avancé, et peut-être même jugé. Que ceux qui cherchent des « manipulations » derrière l’action des magistrats balaient devant leur porte : ce sont souvent les mêmes qui ont tout fait pour étouffer l’affaire ou pour conforter une piste « islamiste » qui n’a jamais tenu la route.

Il n’est pas prouvé que l’arrêt, décidé en 1996 par Jacques Chirac, du versement des commissions aux intermédiaires pakistanais, a mené au massacre du 8 mai 2002. Si cette hypothèse peut prospérer, c’est d’abord parce qu’elle a déclenché, dès qu’elle a été émise, une série de pressions, d’entraves et de contre-feux éminemment suspects.

Pareillement, si les regards se tournent aujourd’hui vers l’Élysée, c’est parce que la fébrilité y est palpable. Après la montée en première ligne de Brice Hortefeux, le plus fidèle lieutenant de Nicolas Sarkozy, le conseiller spécial du président, Henri Guaino, a lâché hier sans état d’âme les deux mis en examen de la semaine, en affirmant que Nicolas Bazire n’a « jamais été un proche conseiller » et que Thierry Gaubert « n’est plus dans l’entourage de Nicolas Sarkozy depuis quinze ans ». Quand on commence à faire la part du feu, c’est que l’incendie gagne."
article complet : http://www.lalsace.fr/actualite/2011/09/25/l-incendie-gagne



LA RÉPUBLIQUE IRRÉPROCHABLE DEVIENT IRRESPIRABLE
Le Nouvel Obs
"La "République irréprochable" promise par Nicolas Sarkozy en 2007 "se porte mal" et le président est "directement touché" par les nouvelles révélations sur l'affaire de Karachi mettant en cause un fidèle parmi les fidèles, Brice Hortefeux, estime la presse régionale samedi 24 septembre.

"De rebonds en rebondissements, de révélations en allégations, de dénégations en semi-aveux, l'affaire de Karachi poursuit sa course folle", constate Patrice Chabanet dans son éditorial du Journal de la Haute-Marne.

"Au train où vont les choses, dire que l'affaire Karachi est en train de semer la panique à l'Elysée va finir par relever de l'euphémisme", assure Jacques Guyon dans les colonnes de La Charente libre.

"Chaque jour, chaque heure amène son petit lot de révélations, sa rumeur qui est déjà une certitude, la liste ne cessant de s'allonger des copains et des coquins qui se goinfrent sur le ventre de Marianne. L'atmosphère devient irrespirable", s'exaspère L'Union/L'Ardennais sous la plume d'Hervé Chabaud.

Après la mise en examen de deux proches de Nicolas Sarkozy dans l'enquête sur le volet financier du dossier Karachi, c'est Brice Hortefeux, homme de confiance du chef de l'Etat, qui se retrouve dans la tourmente après la révélation d'une conversation téléphonique avec un protagoniste de l'affaire dans laquelle l'ex-ministre de l'Intérieur s'inquiète de l'enquête du juge.

Pour Olivier Pirot, de La Nouvelle République du Centre Ouest, il ne fait aucun doute que "lorsque c'est Brice Hortefeux qui se fait rattraper par l'affaire Karachi, c'est le président de la République qui par ricochet est directement touché".

"C'est un jeu de massacre autour de Nicolas Sarkozy. Un à un, ceux qui l'ont accompagné tout au long de sa carrière, sont en passe de tomber au champ de déshonneur", commente Jean-Michel Helvig dans La République des Pyrénées.

[...]

"Désormais, le chantre de la République irréprochable se retrouve disqualifié dans son opération main propre", renchérit Yann Marec dans le Midi libre.

"A vouloir éviter les éclaboussures, la présidence s'est exposée. Il lui faut trouver une nouvelle arme. Pourquoi pas la transparence ?", demande faussement candide Matthieu Verrier dans La Voix du Nord."
article complet : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20110924.OBS1005/karachi-la-republique-irreprochable-devient-irrespirable.html
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AFFAIRE KARACHI : ET MAINTENANT HORTEFEUX
JDD, Bruno Jeudy et Laurent Valdiguié 25/06
"...La colère froide de Sarkozy
C’est un très proche du Président qui parle. "Cela recommence comme en 2006 quand on a voulu accrocher Nicolas. Et qui voit-on encore? Le même juge." En déplacement à Nantes samedi, le chef de l’État a participé au congrès des pompiers, délivré son discours et serré les dents. Il est ensuite rentré à Paris, escorté par Claude Guéant. En privé, il est furieux. Contre ses amis. Contre les femmes de ses amis. Contre les juges. Contre les médias. Et Brice Hortefeux? "Ça va faire un flop. Brice va s’expliquer et ça va se dégonfler", veut croire un proche. En attendant, la majorité est silencieuse, comme tétanisée après les accusations portées par l’épouse de Thierry Gaubert. "Brice peut dire adieu à son poste de directeur de la campagne de Nicolas. Sa carrière est même peut-être terminée", lâche cet ancien ministre. Cruel, un autre sarkozyste rappelle une confidence de Cécilia à Carla : "Méfiez-vous de ces branquignoles qui entourent votre mari!"
article complet : http://www.lejdd.fr/Politique/Actualite/Hortefeux-accuse-d-avoir-voulu-torpiller-l-enquete-du-juge-Van-Ruymbeke-395021

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AU FRAIS DE LA PRINCESSE
Ruminances
"...Quoiqu'il en soit, on semble passablement nerveux dans les hautes sphères sarkozistes. Le cardinal Guéant estime qu'il y a "trop d'amalgames, d'insinuations, d'approximations". Le nègre Guaino monte au créneau et déclare que "Sarkozy n'est en rien concerné", laissant dans la foulée Sandro Ballamou se débrouiller tout seul comme un grand avec ses encombrantes relations. Il faut sauver le soldat Sarko semble être le mot d'ordre du Château en panique. Quitte à lâcher des poids lourds en rase campagne. Jusqu'à sacrifier l'homme au goitre dans la perspective de la réélection 2012 ?"
article complet : http://ruminanc.blogspot.com/2011/09/au-frais-de-la-princesse.html
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DONC...


EXCLU : MA MÈRE A TÉMOIGNER POUR SE VENGER
Europe 1 25/09
"...Deux jours après les révélations d'Hélène de Yougoslavie sur Europe 1 , sa fille Milena Gaubert affirme en exclusivité qu'elle a sciemment menti pour causer du tort à Thierry Gaubert, l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy mis en cause dans l'affaire Karachi. La fille aînée du couple en instance de divorce assure que sa mère est dépressive depuis de nombreuses années...
article complet : http://www.europe1.fr/France/EXCLU-Karachi-ma-mere-a-temoigne-pour-se-venger-737471/
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AFFAIRE KARACHI : LE VIDE SE FAIT AUTOUR DE BALLADUR
Rue 89, Matthieu Deslandes
Edouard ne passera pas à travers les gouttes. » Depuis jeudi, cette formule, attribuée par Le Monde à « un proche du président » de la République, résume la décision prise par l'Elysée : pas question de couvrir Balladur si le juge Van Ruymbeke remonte jusqu'à lui dans l'enquête sur l'affaire Karachi. Nicolas Sarkozy a lâché son ex-mentor. Est-il temps pour Balladur de songer à singer l'anosognosie ?

Bien sûr, l'ex-Premier ministre a son passé, sa carrière, sa stature. Mais jusqu'à cette semaine, Balladur tirait l'essentiel de son influence du fait qu'on lui en prêtait beaucoup auprès de Nicolas Sarkozy.

[....]

Le Président l'a consulté au moment de procéder à des remaniements. Surtout, il lui a confié la présidence de deux comités : celui sur la modernisation des institutions, puis celui sur la réforme des collectivités locales. Il lui a aussi proposé d'entrer au Conseil constitutionnel – offre déclinée.

Dernier hochet : Sarkozy l'a nommé, en juillet, « envoyé spécial du G8 pour la mise en œuvre du partenariat de Deauville consacré au soutien aux pays arabes dans leur transition vers des sociétés libres et démocratiques ». Cette mission devait durer jusqu'au 31 décembre. On sauvera les apparences.

Mais après ? Sur qui Balladur va pouvoir compter ? Qui lui est resté fidèle ? De quelles armes, de quels relais dispose-t-il pour faire face à ceux qui lui chercheraient des noises ?

Officiellement retraité de la politique depuis 2007, Balladur « n'a plus vraiment de collaborateur ; mis à part sa secrétaire, son principal collaborateur, c'est Nicolas Sarkozy », murmure une amie politique.

Il reste bien, au nombre de ses fidèles, le député de Paris Philippe Goujon – qui fut son suppléant – et quelques anciens conseillers, comme Hugues Hourdin, le président du Tunnel du Mont-Blanc, ou Valérie Bernis, la directrice générale adjointe de GDF Suez.

Mais sinon, de Tron à Longuet, la plupart de ses anciens disciples sont devenus des obligés de Nicolas Sarkozy...."
lien direct : http://www.rue89.com/2011/09/24/affaire-karachi-le-vide-se-fait-autour-de-balladur-223522

Autres articles :
- EDOUARD BALLADUR POURRAIT ETRE AUDITIONNE, Le nouvel obs

BFM / 25.09


AFFAIRE KARACHI : COPE ET L'UMP INDIGNES PAR LES PROPOS DE ROYAL
Le parisien
"...Le patron de l'UMP, Jean-François Copé, et d'autres dirigeants du parti présidentiel s'indignent des propos tenus par Ségolène Royal (PS) dans le quotidien «Libération» (voir ci-dessous), où elle dénonce un «système totalement corrompu» à propos de la mise en examen de deux proches Sarkozy dans l'affaire Karachi et affirme que la «justice n'est plus indépendante». «Comment une personne qui a été soutenue activement en 2008 par Jean-Noël Guérini, lui-même mis en examen pour association de malfaiteurs et dont elle ne pouvait ignorer les pratiques douteuses, peut-elle se permettre de donner des leçons de morale aujourd’hui?», écrivent-il  dans un communiqué.  Ils qualifient les propos de l'ancienne adversaire du président en 2007  d'«absolument scandaleux et insultants (...) à l’encontre du président de la République, de l’UMP et de tous les représentants de la majorité présidentielle». ..."
article complet : http://www.leparisien.fr/affaire-karachi/en-direct-karachi-cope-et-l-ump-indignes-par-les-propos-de-royal-24-09-2011-1623415.php


HEUREUSEMENT...

PLENEL SE PAYE GUAINO, VISE SARKOZY ET NOUS MONTRE LA VOIE
Une autre vie

"...sur l'affaire Karachi, le journaliste de Mediapart présente deux documents impliquant directement le chef de l'état, l'effet est énorme à l'écran. Si les français n'étaient pas plus précisément au courant du fond de cette affaire, ils en auront appris beaucoup plus en une intervention de quelques minutes, qu'à la lecture de centaines d'articles parus depuis plusieurs années sur le sujet.

Henri Guaino l'a bien compris, l'effet est dévastateur, il perd pied, bafouille, se mélangeant dans le fil conducteur de la conversation.
Si commentateurs et observateurs de la vie politique se doivent d'être objectifs, respectueux des personnes, le bilan désastreux du quinquennat, les "affaires" qui touchent de près ou de loin N.Sarkozy suffisent à elles-même pour détourner l'électorat. "
article complet : http://uneautrevie-stef.blogspot.com/2011/09/plenel-se-paye-guaino-vise-sarkozy-et.html

WTF BONUS :

FRANÇOIS CHEREQUE VEUT LEVER LE SECRET DÉFENSE DANS l'AFFAIRE KARACHI - LCP / 25.06

dimanche 25 septembre 2011

[revue de presse] - [109] - [24-25 septembre 2011]

RÉSUME DES 2 DERNIERS JOURS / EURONEWS

1. HÉLÈNE DE YOUGOSLAVIE CONFIRME, 
BRICE HORTEFEUX MENT MAIS MENACE

Le Monde
"Dans un entretien accordé au Monde, Hélène de Yougoslavie, la femme de l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert, assure que son mari s'est rendu à de nombreuses reprises au début des années 1990 chercher de l'argent à Genève pour le remettre ensuite à Nicolas Bazire, alors directeur du cabinet et de la campagne présidentielle du premier ministre Edouard Balladur.

VIDEO : PORTRAIT D'HELENE DE YOUGOSLAVIE / BFM

....C'est donc à partir de cette période [la campagne présidentielle de 1995] que votre mari aurait effectué des voyages en Suisse pour y chercher des espèces ?
Oui. Il me disait régulièrement : " Je vais en Suisse chercher de l'argent ". Il passait systématiquement, à l'aller comme au retour, par Londres, afin me disait-il d'éviter des contrôles douaniers à la frontière franco-suisse.

Quand ont commencé ces voyages et quelle était leur fréquence ?
Il m'est difficile de les dater très précisément. Je suis certaine que cela a commencé au début des années 1990. Et il se rendait en Suisse environ une fois tous les deux mois.

Mais comment justifiait-il ces déplacements ?
Il ne me disait pas pourquoi, ne me parlait pas des montants ni ne me montrait les billets. Généralement, il les ramenait dans des petites sacoches.

A quel moment vous a-t-il parlé du ou des destinataires de cet argent ?
Il m'a dit un jour qu'il allait chercher ces espèces en Suisse pour les remettre à Nicolas Bazire.

Vous n'avez pas fait le lien avec la campagne de M. Balladur dont M. Bazire était le directeur ?
Non, pas du tout. Bien sûr, je trouvais ça un peu bizarre, mais il me répondait : "C'est comme ça. " Il m'a dit qu'il m'expliquerait plus tard.

Votre mari a-t-il cité d'autres noms de bénéficiaires des fonds ?
Non, seulement celui de Nicolas Bazire.

Il semble que votre mari ait été retirer l'argent, à Genève, en compagnie de Ziad Takieddine.
C'est exact. Parfois Thierry allait chercher l'argent seul, d'autres fois accompagné de M. Takieddine.

Pourquoi, après tout ce temps, avez-vous parlé à la police, le 8 septembre ?
Tout simplement parce que j'ai été convoquée ! Je me suis contentée de répondre aux questions des policiers. Ils m'ont montré des pièces me prouvant qu'ils savaient déjà beaucoup de choses. J'ai découvert à cette occasion des documents signés de ma main, je ne pouvais imaginer qu'ils étaient compromettants pour moi. Il s'est servi de moi pour ouvrir des comptes à l'étranger. J'ai pris conscience que mon mari m'avait trahie. C'est seulement lors de cette audition que j'ai découvert le lien avec le financement de Balladur, j'ai vraiment été écoeurée.

Avez-vous subi des pressions ?
Oui, beaucoup de pressions, et des menaces, émanant de mon mari. Cela a commencé après que sa maison a été perquisitionnée, au mois de juillet. Il s'attendait à ce que je sois convoquée par la police. Alors il m'a dit : "Si tu parles, tu ne verras plus les enfants. Si je coule, tu coules avec moi, car nous ne sommes pas divorcés. " Il ne fallait absolument pas que je parle des comptes à l'étranger et des remises d'argent.

AUDIO : HELENE DE YOUGOSLAVIE / EUROPE 1

Que s'est-il passé après votre audition ?
Déjà, durant l'audition, il m'inondait de textos ! Et puis, le 14 septembre, il m'appelle et me dit : "J'ai quelque chose à te donner, descends, je suis garé dans la rue. " Une fois dans la voiture, il m'a incendiée, il était furieux. "Qu'est-ce que tu as été raconter aux flics, il paraît que tu m'as balancé ? Tu es complètement folle, tu vas partir à l'asile. " J'ai compris qu'il avait eu des informations très précises sur ma déposition.

Propos recueillis par Raphaëlle Bacqué, Gérard Davet et Fabrice Lhomme


Autres Articles:
"Les enquêteurs ont mis la main sur des informations bancaires retrouvées lors de perquisitions au domicile de Thierry Gaubert. Ils y auraient trouvé le relevé d'un transfert de fonds de 10 millions de francs effectué entre un compte en Suisse et un paradis fiscal. Cette somme pourrait bien correspondre à l’argent qui aurait été versé illégalement sur les comptes de campagne d’Edouard Balladur en 1995."

VIDEO : OLIVIER MORICE, avocat des familles des victimes RTL MIDI 24.09.2011 


KARACHI : LE PARQUET OUVRE UNE ENQUÊTE POUR VIOLATION DU SECRET PROFESSIONNEL
NouvelObs
"...Le parquet explique sa décision d'ouvrir une enquête préliminaire "après avoir pris connaissance" des "comptes rendus d’écoutes téléphoniques réalisées sur le téléphone de l’un des mis en examen". L'enquête a été confiée à la police judiciaire.

Dans cette conversation du 14 septembre, Brice Hortefeux prévient Thierry Gaubert que sa femme "balançait beaucoup" au juge. Thierry Gaubert a été mis en examen le mercredi 21 septembre par le juge Renaud van Ruymbeke pour recel d'abus de biens sociaux dans le volet financier de l'affaire de Karachi.
L'ancien ministre UMP de l'Intérieur est soupçonné d'être intervenu pour prévenir un de ses amis, Thierry Gaubert, au moment de sa garde à vue. Dans un communiqué, il dément "catégoriquement avoir eu quelque information issue de la procédure judiciaire en cours" sur le volet financier du dossier Karachi. Brice Hortefeux se dit "étranger à 'l'affaire Karachi'" et ajoute avoir "décidé de porter plainte contre toute allégation mensongère et diffamatoire".

Brice Hortefeux a téléphoné à Thierry Gaubert juste avant sa garde à vue, et non pendant, comme il l'avait d'abord affirmé. L'avocat des familles des victimes de l'attentat de Karachi, Me Olivier Morice, s'est demandé si Brice Hortefeux n'avait pas eu accès à des éléments de la procédure.


Jeudi, Me Morice avait affirmé sur Canal+ que Brice Hortefeux avait été "en contact" avec Thierry Gaubert, pendant sa garde à vue suivie de sa mise en examen mercredi par le juge Renaud van Ruymbeke, dans le volet financier de l'affaire Karachi.

Brice Hortefeux a confirmé cet entretien téléphonique, ainsi qu'un autre le 14 septembre, qui s'appuie sur la retranscription d'écoutes. Mais il a démenti avoir eu accès au dossier d'instruction sur l'affaire Karachi. A-t-il eu vent des déclarations de la femme de Thierry Gaubert à la police ? Mystère. Le ministre affirme avoir été informé à la lecture du "Nouvel Observateur", ce que nous démentons.

Le nom de Brice Hortefeux apparaît en filigrane dans le dossier Karachi. D'abord en tant qu'ancien chef de la cellule "meetings" de la campagne d'Edouard Balladur. Puis en tant que relation de Ziad Takieddine, cet homme d'affaires franco-libanais soupçonné par la justice d'avoir permis le retour vers la France de commissions versées lors de marchés d'armement. Ces liens sont développés dans un dossier du "Nouvel Observateur", en kiosque actuellement, sur les affaires qui font peur à Nicolas Sarkozy.

Enfin, la police a mis sur écoute un téléphone de Thierry Gaubert, un ami de Nicolas Sarkozy mis en examen dans l'affaire Karachi. Et a capté une conversation entre sa fille, Nastasia, et un ami, David C.. "Hortefeux est trop dans la merde. (...) si Sarko il passe pas en 2012 euh..., vraiment, ils sont tous dans la merde", déclare Nastasia."

Autres articles :


VIDEO : RÉACTION O.MORICE / BFM / 24.09

2. LES RÉACTIONS POLITIQUES

Le Monde, Guillaume Frouin
"..."Actuellement, il y a trop d'amalgames, il y a trop d'approximations, il y a trop d'insinuations qui sont graves et qui pervertissent notre vie démocratique", a dit le ministre de l'Intérieur en marge d'un Congrès national des sapeurs-pompiers à Nantes (Loire-Atlantique). "Nous avons la chance d'avoir une justice en France, faisons-lui confiance et ne faisons pas les procès dans la presse ou les communiqués."

[....]

"Dans l'affaire de Karachi en particulier, il a dit (...) que le président n'était pas cité dans le dossier. Evidemment, il ne s'agissait pas du dossier judiciaire, mais du dossier administratif", a affirmé Claude Guéant.

"Dans le dossier administratif de l'affaire de Karachi, de Nicolas Sarkozy il n'apparaît qu'une seule chose : comme ministre du Budget, où il avait donné un avis défavorable à l'opération", a également déclaré le ministre de l'Intérieur."


Ouest France
"Eva Joly, candidate Europe-Ecologie Les Verts (EELV), ex-magistrate : «Dans les enquêtes que j’ai conduites j’ai été amenée à constater, poursuivre et condamner l’existence de ces circuits parallèles importants. Nous avons démontré à quel point les financement de chefs d’Etat Africains pouvaient être importants. A priori cela montre la probabilité des propos de M. Bourgi».

«Mais ce qui est encore plus important aujourd’hui et doit être mis en lumière ce sont les commissions payées et touchées par M. Takieddine qui remontent à 2007, cela concerne la dernière campagne et non plus celle de 1995. Ces affaires mettent en lumière l’importance d’un contrôle en temps réel car dans ces cas précis le contrôle a posteriori s’est révélé inefficace».


OuestFrance
Après que la Commission consultative du secret de la défense nationale a émis trois avis favorables à la déclassification de documents réclamés par les juges instruisant les dossiers Karachi, il appartient désormais au pouvoir exécutif de décider de lever ou non ce secret-défense», font valoir Jean-Marc Ayrault, chef de file des députés PS, et Bernard Cazeneuve, député-maire PS de Cherbourg, dans ce courrier transmis à l'AFP.

«Ce sont trois ministres de votre gouvernement - le ministre de l'Intérieur, le ministre de la Défense et la ministre du Budget - qui peuvent maintenant prendre cette décision. Chef naturel de l'exécutif sous la Ve République, il est de votre responsabilité de veiller à ce que tous les ministères concernés collaborent avec la justice en permettant aux juges saisis de cette affaire d'accéder à ces documents sans lesquels la vérité ne pourrait être établie», ajoutent-ils.

Les députés PS avaient demandé de nouveau jeudi «la levée du secret-défense» dans l'enquête judiciaire sur l'attentat de Karachi, promettant de veiller «à ce que l'action de la justice ne soit pas entravée comme a pu l'être la mission d'information au Parlement»...."


3. LES BLOGS SE DÉCHAÎNENT

Voie Militante


4.CES MÉDIAS EMBARRASSES

Arret sur images
"...Selon une source interne à TF1, c'est bien l'intégralité du sujet qui a été diffusée, dans une version légèrement remaniée pour que le début colle à l'actualité. D'après nos informations, cette diffusion, réclamée par la Société des journalistes jeudi dans l'après-midi, avait été défendue dès mercredi soir lors de la réunion de fin de journal par Laurence Ferrari. L'annulation précipitée aurait pris tout le monde de court dans la rédaction, et semble avoir été décidée par la direction de la chaîne. Interrogé par le site Puremedias, le directeur de la rédaction, Antoine Guélaud, a tout de même tenté de faire bonne figure, en relativisant ce qui s'était passé. Avec une justification déconcertante : après visionnage, le sujet aurait été jugé "trop éloigné" de l'actualité du jour, marquée par la convocation par la justice de deux proches de Sarkozy, Nicolas Bazire (ancien directeur de campagne de Balladur et accessoirement témoin du mariage de Sarkozy et Carla Bruni) et Thierry Gaubert (ancien conseiller de Sarkozy).
Visiblement, ce reportage sans concession embarrassait la première chaîne. Sans doute parce que c'est la première fois que deux anciens membres du Conseil constitutionnel, Jacques Robert, mais surtout son président de l'époque Roland Dumas, censés incarner la République dans ce qu'elle a de plus probe, reconnaissent devant une caméra avoir fermé les yeux sur des irrégularités probables des comptes de Balladur. Une exclu TF1 donc... Sauf que ces interviews ne datent pas d'hier : le sujet de TF1 indique qu'elles ont été réalisées en décembre 2010, neuf mois plus tôt. Selon nos informations, elles n'avaient jamais été diffusées auparavant. Pourquoi avoir attendu si longtemps ? Pour ne pas diffuser largement des déclarations potentiellement explosives, et être le déclencheur d'une tempête politico-judiciaire ? Les mauvais esprits ne manqueront pas de le penser. D'après diverses déclarations recueillies par @si au sein du groupe TF1, cette enquête a en tout cas toujours été pensée comme un travail au long cours, à diffuser seulement après que l'enquête a été soigneusement bouclée, avec l'ensemble des témoignages et des documents nécessaires. Et l'actualité judiciaire qui s'accélère autour de cette campagne de 1995 aurait fourni le "prétexte" idéal pour la diffuser...."


France Infos, Céline Asselot
"...Comment une même information peut-elle être très importante dans un média, pas du tout dans un autre ? On a assisté cette semaine à des écarts spectaculaires, à propos du dernier rebondissement de l’affaire Karachi.

Depuis plusieurs années, une enquête est menée par le juge van Ruymbeke sur le volet financier de l’affaire Karachi : y a-t-il eu des rétrocommissions lors de cette vente d’armes ? Ont-elles servi à financer de manière occulte la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995 ? Cette semaine, coup de théâtre : deux hommes ont été mis en cause, Nicolas Bazire et Thierry Gaubert, deux proches de Nicolas Sarkozy. La nouvelle, que l’on apprend mercredi, fait le lendemain la Une de tous les journaux, qui évoquent les possibles conséquences politiques d’une telle annonce à quelques mois de l’échéance présidentielle. Tous les journaux... sauf deux : Le Figaro et Les Echos. Tous deux en parlent, mais pas en Une, uniquement dans un court article à l’intérieur du journal. C’est même page 10 dans le Figaro... 
En revanche, quand vendredi matin l’Elysée publie un communiqué pour démentir toute implication de Nicolas Sarkozy dans cette affaire, l’un des seuls journaux à mettre cette information en Une, c’est justement le Figaro qui titre en gros "l’Elysée dénonce une manipulation".

Alors, évidemment, les journaux font ce qu’ils veulent. Ils ont tout à fait le droit de privilégier une information plutôt qu’une autre. C’est leur liberté propre, c’est même ce qui fait la pluralité de la presse. Mais on peut quand même s’interroger sur les raisons d’une telle différence. "Le Figaro a toujours été conservateur, ce n’est pas une surprise. Mais depuis cinq ans, le journal est en campagne pour Nicolas Sarkozy" explique Patrick Eveno, historien des médias. "Là, il dissimule à ses lecteurs une information capitale. C’est un vrai problème.". 
En ce qui concerne Les Echos, l’explication est peut-être à chercher ailleurs : le journal appartient au groupe LVMH, qui compte parmi ses dirigeants... Nicolas Bazire, l’un des mis en cause...."

VIDÉO : OBSTRUCTION A LA JUSTICE OU SÉPARATION DES POUVOIRS / LCP


vendredi 23 septembre 2011

[revue de presse] - [108] - [23 septembre 2011] - [Panique au palais]


1. PANIQUE A L’ÉLYSÉE

L'ELYSEE A T-IL VIOLE LE SECRET DE L'INSTRUCTION ?
Lepost
Dans un communiqué visant à mettre hors de cause Nicolas Sarkozy dans l'affaire Karachi, l'Elysée affirme que "le nom du chef de l'Etat n'apparaît dans aucun des éléments du dossier. Il n'a été cité par aucun témoin ou acteur du dossier judiciaire".
"Comment l'Élysée peut-il être au courant alors qu'il y a un principe de séparation des pouvoirs en France ?", s'interroge Magali Drouet, fille d'une des victimes de l'attentat de Karachi au micro d'Europe1.
Plus loin, Magali Drouet dénonce l'attitude du gouvernement depuis le début de l 'affaire Karachi.
"Cela fait trois ans que dès qu'il y a quelque chose, le seul contrefeu trouvé par l'exécutif français c'est que nous sommes manipulés et qu'il faut respecter notre douleur. Nous ne sommes les marionnettes de personne", a expliqué la jeune femme qui souhaite que la vérité voit le jour.

Le démenti de l' Elysée a égalment suscité une réaction des syndicats de magistrats.

"Les services de la présidence de la République font clairement référence au contenu des pièces d'une procédure judiciaire, montrant qu'ils ont pu en avoir connaissance, dans l'irrespect apparent du secret de l'instruction", a dénoncé le président de l'Union Syndicale des Magistrats, Christophe Regnard, cité par le Parisien.fr....".

Autres Articles :
- KARACHI : DES MAGISTRATS ACCUSENT L'ELYSEE D'AVOIR LE SECRET DE L'INSTRUCTION. Le Monde 22/09
- UNE PETITE QUESTION A PROPOS DE LA SÉPARATION DES POUVOIRS. Le blog de Guy Birenbaum 22/09


L'ELYSEE TOUITTE POUR DEDOUANER SARKOZY
Libération, Jonathan Bouchet-Petersen

Les 45.266 abonnés au compte Twitter de l'Elysée ont eu la surprise d'être gratifiés ce jeudi après-midi de plusieurs tweets martelant que le président de la République n'a rien à voir avec les dernières révélations de l'affaire Karachi.
.... En utilisant Twitter pour monter au créneau, l'Elysée montre en tout cas que le dossier est pris très au sérieux par l'entourage du président de la République. Que Nadine Morano, ministre du gouvernement Fillon et sarkosyste de choc, affirme que le président de la République n'a rien à voir avec toute cette histoire, c'est assez habituel. Mais que l'Elysée prenne la peine de communiquer sur le réseau social Twitter, alors que son compte est d'habitude réservé à des communications plus institutionnelles, cela donne surtout le sentiment d'un vent de panique soufflant sur le palais de l'Elysée."

lien direct : http://www.liberation.fr/politiques/01012361435-karachi-l-elysee-twitte-pour-dedouaner-nicolas-sarkozy


ÇA VOUS REGARDE 22/09 : LE PRÉSIDENT EST-IL EN DANGER ?
LCP



KARACHIGATE : SARKOZY A ENCORE PERDU SON SANG FROID
Sarkofrance
"...Mercredi soir puis jeudi matin, quasiment tous les médias français consacraient donc leur couverture à la récente accélération de l'affaire Karachi. Tous... sauf le Figaro, TF1 et le site d'information Atlantico récemment créé avec la participation minoritaire d'Arnaud Dassier. Mercredi 21 septembre, la direction de TF1 avait décidé de censurer un reportage sur l'affaire de Karachi, pourtant prêt, de son journal télévisé. La chaîne se rattrape le lendemain, en diffusant un édifiant reportage sur le bidonnage des comptes des campagne d'Edouard Balladur.

Tous les efforts de « présidentialisation » maîtrisée depuis des mois ont été ruinés en quelques heures. Sarkozy voulait apparaître serein et protecteur. Pour quelques articles et deux mises en examen, il s'est enragé. Jeudi après-midi, la Présidence de la République, c'est-à-dire Nicolas Princen, a tweeté en cascade toutes sortes de messages d'autodéfense. Au même moment, le « Communiqué de la Présidence de la République » ne laissait aucun doute sur l'état de fébrilité qui agite l'Elysée:

La Présidence de la République tient à apporter les précisions suivantes : 
- M. Nicolas SARKOZY n'a jamais dirigé la campagne de M. Edouard BALLADUR. 
- Il n'a jamais exercé la moindre responsabilité dans le financement de cette campagne. Il en était le porte-parole. 
- S'agissant de l'affaire dite de « Karachi », le nom du chef de l'Etat n'apparaît dans aucun des éléments du dossier. Il n'a été cité par aucun témoin ou acteur de ce dossier. Il y est donc totalement étranger d'autant plus qu'à l'époque où il était ministre du Budget, il avait manifesté son hostilité à ce contrat comme cela apparaît dans les pièces de la procédure. 
- Les familles des victimes de l'attentat de Karachi ont droit à la vérité et au respect de leur souffrance. 
Tout le reste n'est que calomnie et manipulation politicienne.

On s'interroge. Maître Morice, avocat des familles de victimes, dégaine à son tour, sur Canal+: comment l'Elysée a-t-elle eu accès au dossier ? Et il accuse : « Brice Hortefeux, conseiller de Nicolas Sarkozy, a été en contact avec Thierry Gaubert pendant sa garde à vue ». 

L'accusation est gravissime.

On s'interroge encore: « tout le reste » serait de la calomnie. Dans une tribune publiée en 2010 dans le Figaro, Balladur expliquait qu'il n'était pas responsable du versement de commissions dans le cadre de ventes d'armes: « La décision d'autoriser l'octroi de commissions n'était pas de la responsabilité du Premier ministre ou de ses services. J'ignore si, en l'espèce, il a été décidé d'y avoir recours.» En 1995, la décision de verser des commissions à des intermédiaires lors de contrats d'armements était du ressort du ministre du Budget, un certain Nicolas Sarkozy. Ce n'est pas de la calomnie, c'est un fait."
lien direct : http://sarkofrance.blogspot.com/2011/09/karachigate-sarkozy-encore-perdu-son.html

ET SORT NADINE MORANO DANS LES MÉDIAS... (SIGNE QUE RIEN NE VA PLUS)
NADINE MORANO VS OLIVIER MORICE : CA CLASHE AU GRAND JOURNAL
LePost / Canal+

Échange très vif jeudi soir sur le plateau du Grand Journal entre Nadine Morano, ministre du Travail, et Me Olivier Morice, avocat des familles des victimes de l'attentat de Karachi. Le ton est monté crescendo entre les deux, atteignant son "apogée" au moment où l'avocat annonce qu'il va attaquer la ministre pour propos diffamatoires !

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Dans la deuxème partie, ça finit par déraper complètement, jusqu'au moment au Me Olivier Morice craque et balance à Nadine Morano : "La République irréprochable, vous pouvez vous la mettre où je pense."
Voir la vidéo à partir de 4 min 20 :

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lien direct : http://www.lepost.fr/article/2011/09/22/2596320_karachi-nadine-morano-vs-olivier-morice-ca-clashe-au-grand-journal.html

Complément :
- KARACHI, MORANO POURSUIVIE POUR DIFFAMATION ? Europe 1

LA THÉORIE DU COMPLOT, ÇA VA BIEN, ÇA VA TRÈS BIEN MÊME !
Le blog de Guy Birenbaum
"De la cohérence…
Lorsque Dominique Stauss-Kahn n’a pas écarté la thèse d’un complot, il y a quelques jours, sur TF1, les caciques de l’UMP n’ont pas eu de mots assez durs pour s’indigner, à l’image de Jean-François Copé : “La théorie du complot, ça va bien, je ne peux accepter les sous-entendus (…) C’est extrêmement choquant qu’on vienne rajouter une théorie du complot à tout ce que nous venons de vivre.”...
Bah oui !
La théorie du complot, ça va bien maintenant !
Assez de complots !
Ras le bol des complots !
Et des comploteurs !
Et des complotistes aussi !
Bon j’en étais là quand j’ai ouvert mon Figaro…
Et là…


…"


lien direct : http://guybirenbaum.com/20110923/la-theorie-du-complot-ca-va-bien-ca-va-tres-bien-meme/

SARKOZY ORGANISE LE LÂCHAGE DE BALLADUR DANS L'AFFAIRE KARACHI
Le Monde, Arnaud Parmentier

"...Ainsi, c’est très clairement le lâchage d’Edouard Balladur, mentor de Nicolas Sarkozy, qui s’organise. « Edouard ne passera pas à travers les gouttes », distille un proche du président, qui estime que  « Van Ruymbeke n’arrivera pas à atteindre directement Sarkozy, mais cela créé une mauvaise atmosphère ». Brice Hortefeux ne veut pas croire que l’affaire plombera la campagne de Nicolas Sarkozy pour 2012 :
« Ce n’est pas Balladur qui est candidat. C’est la campagne de Balladur qui est à l’origine de cela », déclare l’ancien ministre de l’intérieur.

Nicolas Sarkozy ne renie pas son amitié avec Nicolas Bazire. L’entourage du président dit ne pas savoir si M. Sarkozy a téléphoné à M. Bazire, mais un proche met en garde : « Bazire a intérêt à se méfier de ses portables. Il va être écouté ». Bref, Nicolas est devenu un danger pour Nicolas, même si la Sarkozye essaie de se rassurer : le vice président de LVMH n’a été mis en examen « que » pour complicité d’abus de biens sociaux. Ce serait une manœuvre habituelle, pour éviter la prescription d’une affaire vieille de dix-sept ans...."
lien direct : http://elysee.blog.lemonde.fr/2011/09/22/sarkozy-organise-le-lachage-de-balladur-dans-laffaire-karachi-ce-nest-pas-balladur-qui-est-candidat-lance-hortefeux/

TF1 22/09




2. BRICE HORTEFEUX S'EN MÊLE (LES PINCEAUX)


DES INTERCEPTIONS TELEPHONIQUES METTENT EN CAUSE L'EX-MINISTRE DE L'INTERIEUR BRICE HORTEFEUX
Le Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme
"Un sentiment de panique semble avoir gagné les rangs sarkozystes. Le témoignage accusatoire de la princesse Hélène de Yougoslavie, recueilli le 8 septembre par les policiers à la demande du juge Renaud Van Ruymbeke, inquiète le pouvoir au point que celui-ci néglige toute prudence. L'épouse de Thierry Gaubert y détaille les voyages en Suisse, en 1995, de ce proche du chef de l'Etat, et les espèces qu'il aurait remis ensuite à Nicolas Bazire, alors directeur de la campagne d'Edouard Balladur.

Quelques jours après cette déposition, le 14 septembre 2011, Brice Hortefeux appelle Thierry Gaubert sur son portable, pour le mettre en garde sur les révélations faites par sa femme. Dans les extraits de cette conversation, dont Le Monde a eu connaissance, le meilleur ami de Nicolas Sarkozy révèle à M. Gaubert le rôle joué par sa femme dans l'enquête, en violation du secret de l'instruction. "Elle balance beaucoup apparemment Hélène", avance M. Hortefeux.

"Qu'est-ce que tu as comme infos là-dessus, toi, parce qu'elle me dit qu'elle dit rien", répond M. Gaubert. "Ça m'embête de te le dire par téléphone […] Il y a beaucoup de choses hein", assure l'ex-ministre de l'intérieur. Manifestement, M. Hortefeux a eu accès aux déclarations sur procès-verbal d'Hélène de Yougoslavie, alors même qu'elles n'ont pas encore été cotées au dossier d'instruction du juge Van Ruymbeke. "Je te raconterai, poursuit-il, mais ils ont énormément de choses […]. T'as eu Bazire, parce que visiblement il est lui dedans dans cette histoire."

COMPTES BANCAIRES À L'ÉTRANGER

Placé en garde à vue le 20 septembre, Thierry Gaubert a admis que Brice Hortefeux lui avait bien confié l'identité de ce témoin clé. Au cours de son audition, l'ex-conseiller de Nicolas Sarkozy a reconnu avoir ouvert à l'étranger des comptes bancaires destinés à accueillir des fonds non déclarés. S'il reconnaît que ces fonds proviennent de l'intermédiaire sulfureux Ziad Takieddine, il assure en revanche qu'ils ne lui ont été versés qu'après l'élection présidentielle de 1995, et qu'ils ne sont en aucun cas issus des contrats d'armement signés par le gouvernement Balladur fin 1994. Il certifie par ailleurs n'avoir jamais remis d'espèces à Nicolas Bazire.

Le contexte devient brûlant pour l'exécutif. "Si Sarko il passe pas en 2012, ils sont tous dans la merde…", affirme ainsi la fille de Thierry Gaubert à son petit ami, dans une conversation téléphonique interceptée par les policiers, le 19 juillet 2011." (voir en fin de billet)

KARACHI : LA RÉPONSE DU NOUVEL OBSERVATEUR A HORTEFEUX
Le nouvel obs, Michel Labro
"On ne saurait trop féliciter Brice Hortefeux d'être attentif à ce qu'écrit "Le Nouvel Observateur". Mais comment ne pas être impressionné lorsque notre ex-ministre de l'Intérieur trouve le moyen de faire référence à un papier qui n'a pas encore été écrit. Ses déclarations à l'AFP à propos de  ses communications téléphoniques avec Thierry Gaubert revêtent de ce point de vue un caractère assez surréaliste. Voilà en effet un ancien ministre de l'Intérieur qui appelle ce proche de Nicolas Sarkozy en délicatesse avec la justice pour l'avertir que sa femme, entendue par la police, "balance beaucoup" et que cela va finir par devenir préoccupant... Motif : l'épouse de Thierry Gaubert, la princesse Hélène de Yougoslavie, avec laquelle celui-ci est en instance de divorce, se serait répandue pendant de longues heures devant les policiers sur les voyages en Suisse qu'aurait fait son époux, fin 1994-début 1995, en compagnie de Ziad Takkiedine et de Nicolas Bazire, autre proche de Nicolas Sarkozy, alors directeur de cabinet d'Edouard Balladur à Matignon. Selon elle, les trois hommes seraient revenus du pays de l'argent invisible avec de volumineuses valises de billets.  Une information qui fait tilt au moment où les juges travaillent d'arrache pied sur le volet financier de l'affaire Karachi.

Seulement voilà : comment Brice Hortefeux peut-il être au courant des déclarations de l'épouse de Thierry Gaubert aux policiers au moment où il appelle son ami le 14 septembre ? "Il s'agissait juste d'une conversation entre amis après avoir eu vent de ces rumeurs", a-t-il précisé à l'AFP après que lemonde.fr a publié une partie de leur conversation téléphonique. "Je n'ai jamais eu accès au moindre élément sur cette enquête, a-t-il  encore déclaré, en ajoutant que "Le Nouvel Observateur" avait déjà affirmé avant cet appel téléphonique que Hélène Gaubert avait raconté beaucoup de choses aux enquêteurs". Or, on en est désolé pour M. Hortefeux, mais tout cela est totalement faux. "Le Nouvel Observateur" a effectivement annoncé, avec un temps d'avance sur le reste de la presse, que la belle Hélène, entendue par les policiers à la fin de l'été, leur avait confié que son mari avait joué aux porteurs de valise et que le juge Renaud Van Ruymbeke s'apprêtait à l'entendre, mais c'était, sous la plume de Serge Raffy, dans le numéro du jeudi 22 septembre que vous pouvez trouver en kiosque encore aujourd'hui.

Avant, nous avions bien entendu dire, comme certains de nos confrères, qu'un témoin clé s'apprêtait  à faire des déclarations gênantes pour certains proches de Nicolas Sarkozy mais, jusqu'au début de la semaine, nous ne savions pas qu'il s'agissait de l'épouse de Thierry Gaubert. Bref  il faudra que Brice Hortefeux trouve une autre explication pour justifier comment il a pu avoir accès à des informations qui n'auraient pas dû se trouver en sa possession."
lien direct : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20110923.OBS0978/karachi-la-reponse-du-nouvel-observateur-a-brice-hortefeux.html
Autres articles :
- KARACHI : LES AVERTISSEMENTS D'HORTEFEUX, JDD
- AFFAIRE TAKIEDDINE, LA JUSTICE SUR LA TRACE DE JEAN-FRANCOIS COPE, Mediapart (payant)

3. L'AUDITION DE THIERRY GAUBERT

EN GARDE A VUE, GAUBERT S'EXPLIQUE SUR SES LIENS AVEC TAKIEDDINE
Le Monde, Gerard Davet, Fabrice Lhomme
"...Les policiers le suspectent par ailleurs d'avoir tenté d'influer sur le témoignage que sa femme s'apprêtait à faire devant le juge Van Ruymbeke. En effet, M. Gaubert avait été alerté par un coup de fil de BriceHortefeux, le 14septembre, que sa femme avait "balancé beaucoup" lors de sa première audition devant les policiers, le 8 septembre…


Aujourd'hui responsable des relations publiques de BPCE (Banques populaires-Caisses d'épargne) et président d'Efidis, une société HLM, M. Gaubert a notamment concédé avoir ouvert divers comptes à l'étranger dans le cadre de ses "affaires".  "Est-ce dans le cadre d'une activité non déclarée, illégale?", lui ont demandé les policiers. "Oui, A-t-il admis. Dans le cadre de projets immobiliers. Je touche des commissions lorsque je trouve un acheteur ou un vendeur. Je fais cela depuis plusieurs années, environ dix-quinze ans."

Ainsi,l 'ex-secrétaire général de la mairie de Neuilly-sur-Seine reconnaît être le détenteur, parmi d'autres, d'un compte aux Bahamas qui serait crédité de 1 million d'euros, ou encore d'"un tout petit compte" ainsi que d'un coffre à la banque Safdié de Genève, spécialisée dans la gestion de fortune.

"Il a très peu servi, a-t-il plaidé. J'ai dû faire une opération. Je crois que c'est M. Lejeune qui m'a donné de l'argent. Il avait acheté grâce à moi une propriété à la campagne. J'ai dû toucher 200 000 francs français [environ 30 000 euros]. Cela doit être en 1995. Je lui avais également fait acheter des actions [de la société] Gemplus (…) dirigée par Marc Lassus et Ziad Takieddine. Je lui en avais fait acheter pour 100 millions de francs. J'avais touché 1 million de francs ou 1,5 million de francs."

M. Gaubert assure même que M. Takieddine, qu'il n'aurait rencontré qu'après l'élection présidentielle de 1995, lui a ouvert "sans [son] autorisation" un compte dans une banque libanaise. "C'était il y a un an car il pensait que nous ferions affaire ensemble au Koweït."

Thierry Gaubert n'a pas fait mystère de sa proximité avec l'homme d'affaires, avec qui il dit s'être rendu régulièrement "en Suisse, mais jamais dans des banques", et parfois avec leurs "familles respectives aux sports d'hiver". "Nous y allions en avion, Paris-Genève directement. C'était lui qui payait les vols et les nuits d'hôtel car c'était à sa demande. C'était plutôt dans les années 2000, mais il est possible qu'il y en ait eu en 1995."

Aux policiers qui s'étonnaient que M. Takieddine se soit montré aussi "généreux" avec lui, M. Gaubert a répondu : "J'étais son seul ami français non libanais. Il était flatté de côtoyer des personnalités que je lui avais présentées, notamment MM. Hortefeux et Copé entre 2002 et 2004 (…). Je sais qu'il connaissait d'autres personnalités politiques non présentées par moi, comme Léotard et Séguin."

Les policiers ont alors abordé le point le plus sensible du dossier, relatif à des retraits d'argent liquide à Genève, au bénéfice de Nicolas Bazire, en 1995, lorsque celui-ci était directeur de campagne d'Edouard Balladur.

"Mme Nicola Johnson, ex-femme de M. Takieddine, et Mme Hélène Gaubert [son épouse] ont indiqué que vous et M. Ziad Takieddine faisiez de fréquents voyages en Suisse pour aller chercher de l'argent en espèces dans le coffre de la banque Safdié, confirmez-vous ces déclarations?", ont demandé les enquêteurs. "Non. Je ne sais pas pourquoi elles ont raconté cela (…). Je n'ai jamais remis d'argent à M.Bazire."

"Avez-vous sorti de l'argent en espèce d'un coffre de chez Safdié pour le remettre à M. Takieddine ou à un autre?", ont poursuivi les policiers. "Jamais", a martelé M.Gaubert : "J'affirme ne jamais avoir reçu un centime de M. Takieddine en lien avec ses fonctions d'intermédiaire dans les contrats d'armement."

Les enquêteurs ont ajouté: "Votre épouse a même précisé que vous aviez remis des espèces, avec M. Takieddine, à M. Bazire lorsque M. Balladur était premier ministre." "Je répète que j'ai connu Takieddine mi-1995 ou fin 1995, mais après la campagne présidentielle", a rétorqué M. Gaubert. "M. Bazire a-t-il eu peur de M. Takieddine?", ont questionné les policiers. "Ce n'est pas de la peur. Il ne l'appréciait pas."

"Selon votre épouse, vous lui auriez dit que Nicolas Bazire ne voulait plus voir Ziad Takieddine et qu'il avait peur de ce dernier et de ces remises d'argent?", a encore insisté la police judiciaire. "Non, ce n'est pas cela. Il avait une réputation sulfureuse et ne voulait pas le revoir après la conclusion du contrat avec l'Arabie saoudite."

Interrogé sur ses relations avec Nicolas Bazire, M. Gaubert a indiqué l'avoir "connu en 1990-1991. Il venait à la mairie de Neuilly-sur-Seine lorsque j'aidais le maire de l'époque, M. Nicolas Sarkozy. Nous sommes devenus très vite copains." S'agissant de la relation entre MM. Takieddine et Bazire, M. Gaubert "suppose" qu'elle s'est nouée "par l'entremise de M. Léotard" (ministre de la défense de 1993 à 1995). "Je vous précise que c'est M. Bazire qui m'a présenté M. Takieddine", a insisté Thierry Gaubert.
lien direct : http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/09/23/en-garde-a-vue-thierry-gaubert-s-explique-sur-ses-liens-avec-ziad-takieddine_1576693_823448.html


ET BONUS...

KARACHI : LE NOM DE SARKOZY CITE DANS UNE ECOUTE TÉLÉPHONIQUE
Le Parisien
"...«Si Sarko passe pas en 2012, ils sont morts». Quelques mois avant son interpellation et sa mise en examen,  Thierry Gaubert avait été placé sous écoute par la justice. D'après le Monde.fr, les enquêteurs ont relevé le 19 juillet, une bien étrange conversation entre la fille de Thierry Gaubert, Nastasia, et un ami, un certain David. C.  
La fille de Gaubert est visiblement en grande détresse. Elle fait part de ses craintes à propos de comptes bancaires aux Bahamas et de sa mère, Hélène de Yougoslavie, celle par qui le scandale des mallettes est arrivé. 
Apparemment, Thierry Gaubert semblait déjà craindre que son épouse ne parle trop et «ne craque» devant le juge. Nastasia s'explique ainsi à son ami : «Donc voilà. Il a dit à ma mère : si tu craques euh..., toute la famille saute, on saute tous (...) Il lui a dit euh... vraiment, on est dans la merde». Et de poursuivre  : «Et euh... personne pour l'aider parce que euh... Copé est trop dans la merde. Hortefeux est trop dans la merde. Et si euh... Sarko ne... ne passe pas au deuxième tour, euh... lui aussi est dans la merde et personne ne l'aide. Il a dit... Mon père, il a dit à ma mère : personne m'aidera. Parce que tout le monde est dans la merde (...). Sarko, il veut même pas l'aider. Enfin là, ça va encore, mais si Sarko il passe pas en 2012 euh..., vraiment, ils sont tous dans la merde»...."
lien direct : http://www.leparisien.fr/affaire-karachi/en-direct-karachi-le-nom-de-sarkozy-cite-dans-une-ecoute-telephonique-23-09-2011-1621848.php

jeudi 22 septembre 2011

[revue de presse] - [107] - [jeudi 22 septembre 2011] - [L'Elysée fébrile]



1 / NICOLAS BAZIRE MIS EN EXAMEN

JDD

"Thierry Gaubert, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, a été mis en examen mercredi soir pour recel d'abus de biens sociaux dans l'enquête sur l'affaire Karachi.

Nicolas Bazire, ancien directeur de campagne d'Edouard Balladur et autre proche de Nicolas Sarkozy, a été également mis en examen jeudi,  pour complicité d'abus de biens sociaux et laissé en liberté sans contrôle judiciaire dans le volet financier du dossier Karachi.

Le juge Renaud van Ruymbeke enquête sur un éventuel financement occulte de la campagne présidentielle d’Édouard Balladur en 1995 (dont le porte-parole de campagne était Nicolas Sarkozy), par le biais de rétrocommissions versées dans le cadre de contrats d'armement, mises en lumière dans l'enquête sur l'attentat de Karachi en 2002."
lien direct : 
http://www.lejdd.fr/Politique/Actualite/Nicolas-Bazire-a-ete-mis-en-examen-393653/?from=headlines




BFM TV / DEBAT C.REGNARD ET FABRICE LHOMME


Autres articles : 

2 / LA RÉACTION DE L’ÉLYSÉE


SARKOZY SE DIT ETRANGER A L'AFFAIRE
Europe1

"L'étau semble se resserrer autour du chef de l'Etat dans l'enquête sur le volet financier de Karachi puisque deux de ses proches sont désormais mis en examen . Mais la présidence de la République réfute jeudi, dans un communiqué diffusé en début d'après-midi, tout lien entre Nicolas Sarkozy et le financement de la campagne électorale d'Edouard Balladur en 1995. Et dénonce "calomnie et manipulation politicienne" dans ce dossier.

Sarkozy "n'a pas dirigé la campagne" de Balladur

Dans ce communiqué, l'Elysée assure que le chef de l'Etat n'a "jamais exercé la moindre responsabilité dans le financement de cette campagne", dont il était le porte-parole, et que son nom "n'a été cité par aucun témoin ou acteur de ce dossier". "M. Nicolas Sarkozy n'a jamais dirigé la campagne de M. Edouard Balladur", ajoute le document officiel.

Nicolas Sarkozy se redit par ailleurs "totalement étranger" au dossier de financement illégal de la campagne de Balladur par d'éventuelles rétrocommissions provenant de contrats de ventes d'armes.

François Fillon a pour sa part dénoncé jeudi dans un communiqué les "attaques insidieuses et calomnieuses" dont Nicolas Sarkozy est, selon lui, "la cible" à travers l'affaire Karachi. Le Premier ministre, "attaché au bon fonctionnement de nos institutions, invite les Français à rejeter les insinuations et les spéculations malveillantes qui entourent le déroulement des enquêtes", précise le communiqué, ajoutant que "l'affrontement politique n'autorise pas tout".

Bazire nie toute implication

Après Thierry Gaubert, ancien conseiller du président, Nicolas Bazire, un autre de proche de Nicolas Sarkozy, a été mis en examen jeudi dans l'enquête sur une possible corruption politique lors de l'élection présidentielle de 1995.

Nicolas Bazire lui-même a fait part de son "absence totale d'implication", dans la signature de contrats d'armement au coeur de l'enquête, a déclaré son avocat Jean-Yves Liénard. "Aucun témoin ou mis en examen n'a une seule fois parlé de Nicolas Sarkozy, qui est totalement absent du dossier", a par ailleurs affirmé Me Liénard.

L'opposition socialiste a souligné jeudi les liens étroits entre Nicolas Sarkozy et plusieurs personnes mises en cause dans l'enquête sur l'attentat anti-français commis en 2002 à Karachi au Pakistan. Harlem Désir, premier secrétaire par intérim du Parti socialiste, a estimé jeudi que les mises en examen de Thierry Gaubert et Nicolas Bazire étaient "la marque d'une inacceptable déliquescence morale du clan au pouvoir"


EUROPE 1 / BERNARD CAZENEUVE / RAPPORTEUR DE LA MISSION PARLEMENTAIRE SUR L'ATTENTAT DE KARACHI

Le monde, Samuel Laurent
"L'Elysée est sorti du silence dans l'affaire de Karachi. Un communiqué urgent a été publié, jeudi 22 septembre, par la présidence, pour démentir tout lien entre cette affaire et Nicolas Sarkozy, dont deux très proches, Nicolas Bazire et Thierry Gaubert, sont entendus par la justice.

Mais ce que ce communiqué affirme est en grande partie infirmé par des pièces du dossier ou des révélations de presse. Revue de détail.

"M. Sarkozy n'a jamais dirigé la campagne de M. Balladur."

Effectivement, Nicolas Sarkozy n'a pas dirigé cette campagne. C'est Nicolas Bazire qui occupait ce poste. M. Sarkozy, alors ministre du budget et de la communication, était porte-parole.

"Il n'a jamais exercé la moindre responsabilité dans le financement de cette campagne. Il en était le porte-parole."

La deuxième affirmation est plus discutable. L'actuel chef de l'Etat n'était pas seulement le porte-parole. Il jouait un rôle de premier plan dans cette campagne, comme nous l'avions montré en novembre 2010. Avec Nicolas Bazire, il était le conseiller politique le plus écouté du candidat Balladur. Le journal Les Echos écrivait à l'époque : "Depuis qu'il s'est déclaré candidat, Edouard Balladur réunit chaque semaine un comité politique. Quatre hommes y siègent systématiquement : Nicolas Sarkozy, Charles Pasqua, François Léotard et François Bayrou."

"S'agissant de l'affaire dite de 'Karachi', le nom du chef de l'Etat n'apparaît dans aucun des éléments du dossier."

Cette affirmation est factuellement fausse. Le site Mediapart a publié un article montrant (lien payant), pièces à l'appui, que le nom de Nicolas Sarkozy apparaît bel et bien dans la procédure judiciaire en cours. 

En tant que ministre du budget, il a autorisé la création de Heine, une société écran luxembourgeoise dont le rôle était de faire transiter les commissions sur les ventes de sous-marins et de frégates au Pakistan et à l'Arabie saoudite. Il est donc déjà cité à ce titre, notamment par un rapport de la police luxembourgoise, qui précise que "les accords sur la création (de Heine) semblaient venir directement de M. le Premier ministre Balladur et M. le ministre des finances Nicolas Sarkozy".

Ces commissions, versées notamment à Ziad Takieddine, sont soupçonnées d'avoir donné lieu à des rétrocommissions, un retour d'une partie de l'argent en France, où il aurait financé la campagne de M. Balladur. M. Takieddine est, de plus, un proche de l'entourage du chef de l'Etat, et a été reçu à l'Elysée depuis 2007.

Enfin, comme le relève sur Twitter le journaliste de Mediapart Fabrice Arfi, l'un des enquêteurs dans cette affaire, il est étrange que l'Elysée et Nicolas Sarkozy, qui ne sont pas parties civiles et n'ont donc en principe pas accès au dossier judiciaire, sachent ce qu'il contient.

Interrogé sur cette question par Arnaud Leparmentier, du Monde, l'Elysée se contente d'un laconique : "on lit l'AFP". Visiblement agacé, l'entourage présidentiel évoque : "la théorie de l'amalgame, on connait. C'est des vieilles méthodes trotskistes". Et accuse : "on ne va pas se faire donner des leçons par des gens mis en cause dans l'affaire Dsk ou du sang contaminé". Allusions transparentes à François Hollande et Laurent Fabius.

"Il n'a été cité par aucun témoin ou acteur de ce dossier. Il y est donc totalement étranger."

Là encore, l'affirmation est fausse. Nicolas Sarkozy a été cité à plusieurs reprises dans l'affaire. Notamment car il a fait l'objet, comme d'autres dirigeants de la majorité, de lettres de chantage adressées par un ancien dirigeant de Heine, Jean-Marie Boivin. Celui-ci aurait cherché à obtenir des compensations financières, au moyen de missives menaçant de "faire des révélations".

Un dirigeant de la Direction des constructions navales (DCN), M. Menayas, a témoigné devant le juge Van Ruymbeke que M. Boivin "envoyait des courriers d'abord à l'entreprise, puis à des responsables de l'Etat français, voire à M. Sarkozy lui-même avant qu'il ne soit président". Il réclamait huit millions d'euros.

M. Boivin aurait, selon le témoignage de M. Menayas, reçu, en 2006, la visite d'agents de la DGSE, les services de renseignement français. Ces hommes, qui l'auraient menacé physiquement, auraient été envoyés par l'actuel chef de l'Etat, aurait affirmé M. Boivin à M. Menayas.

"D'autant plus qu'à l'époque où il était ministre du budget, il avait manifesté son hostilité à ce contrat comme cela apparaît dans les pièces de la procédure."

Cet élément fait référence à un article du Figaro, paru le 30 novembre 2010. Il expliquait, citant "le compte rendu d'une réunion ministérielle tenue le 29 juin 1994, classé secret défense", que des fonctionnaires du budget, que dirigeait M. Sarkozy - mais non le ministre de l'époque lui-même - avaient exprimé leurs réticences à la signature de ces contrats.

Autre question : ce communiqué s'éloigne quelque peu d'une autre déclaration de Nicolas Sarkozy devant des journalistes, en juin dernier. Comme l'avait rapporté le correspondant du Monde auprès de l'Elysée, M. Sarkozy avait alors expliqué : "J'ai jamais été ministre de la Défense, je suis pas au courant des contrats de sous-marins négociés à l'époque avec un président qui s'appelle M. Mitterrand, (...) en tant que ministre du Budget, je n'ai jamais eu à en connaître ni de près ni de loin." Comment M. Sarkozy a-t-il pu "manifester son hostilité" à un contrat qu'il n'a, selon lui, '"jamais eu à connaître de près ou de loin" ?

Quoi qu'il en soit, il apparaît bel et bien que, hostile ou non à ce contrat, M. Sarkozy a autorisé, en tant que ministre du budget, la création de Heine. Et, encore une fois, il paraît étonnant que l'Elysée se targue de savoir ce qui apparaît ou non dans les pièces de procédures, auxquelles il n'a normalement pas accès."

BFM TV / MORANO DEFEND SARKOZY

Fabrice Arfi, Mediapart
"Au lendemain de la mise en cause par le juge Renaud Van Ruymbeke de deux intimes de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Takieddine/Karachi, l'Elysée a publié, ce jeudi, un communiqué pour tenter d'éloigner l'incendie judiciaire qui menace aujourd'hui la présidence de la République.

« S'agissant de l'affaire dite de “Karachi”, le nom du chef de l'Etat n'apparaît dans aucun des éléments du dossier. Il n'a été cité par aucun témoin ou acteur de ce dossier », affirment les services de la présidence.
Ces deux petites phrases posent un double problème.

Primo, dans une République où la Constitution garantit la séparation des pouvoirs — notamment politique et judiciaire —, comment l'Elysée peut, de manière aussi péremptoire, assurer que « le nom du chef de l'Etat n'apparaît dans aucun des éléments du dossier » ou qu' « il n'a été cité par aucun témoin ou acteur de ce dossier » ? Nicolas Sarkozy n'est ni mis en examen ni partie civile dans cette affaire ; en théorie, il n'a donc pas accès à la procédure. 

Secundo, ce que l'Elysée assure, de manière aussi péremptoire, est un mensonge. Oui, Nicolas Sarkozy est désigné par plusieurs témoins et plusieurs documents dans le dossier du juge Van Ruymbeke.

Comme nous l'avons rapporté avec mon confrère Karl Laske dans un article publié hier, un document, saisi par la police française en 2007 au siège de la Direction des constructions navales (DCN), puis par la police luxembourgeoise en 2009 au siège d'une fiduciaire, fait mention en toutes lettres de la participation fin 1994 de Nicolas Sarkozy dans la constitution, au Luxembourg, d'une société écran dela DCN, baptisée Heine, par laquelle ont transité les commissions occultes de l'une des ventes d'armes aujourd'hui dans le viseur des juges. Nicolas Sarkozy était alors le ministre du budget du gouvernement Balladur.


Dans un rapport de synthèse du 19 janvier 2010, la police luxembourgeoise écrira d'ailleurs : « Un document (...) fait état de l'historique et du fonctionnement des sociétés Heine et Eurolux (société jumelle de Heine, NDLR). Selon ce document, les accords sur la création des sociétés semblaient venir directement de M. le Premier ministre Balladur et de M. le ministre des Finances Nicolas Sarkozy.»

Un projet de lettre de François Léotard, alors ministre de la défense, dont Mediapart avait déjà fait état, laisse ensuite apparaître que Nicolas Sarkozy a bien été associé, toujours en tant que ministre du budget, aux arrières-plans financiers des marchés d'armement en cause. 


Plusieurs témoins, entendus ces derniers mois par la police ou par les juges, ont également évoqué le rôle crucial du ministre du budget dans la validation des plans de financement des marchés d'armement, lesquels comprennent les versements des commissions — fussent-elles occultes. 

Ancien directeur financier de la DCN-I, branche commerciale de la DCN, Gérard-Philippe Menayas a ainsi déclaré en novembre 2009 dans le cabinet du juge Trévidic (en charge du volet criminel de l'affaire Karachi) : « Je précise qu'un plan de financement d'un contrat comme le contrat Agosta comportait toutes les données, y compris les frais commerciaux (euphémisme qui désigne les commissions occultes, Ndlr). Or, ce plan de financement était soumis aux autorités de tutelle, c'est-à-dire au ministre de la défense lui-même, au ministre du budget et à la Coface qui garantissait. De ce fait, des exigences hors-normes (les commissions suspectes, Ndlr) avaient toutes les chances d'être refusées. Il y a eu quelques remarques dont je ne me souviens plus, mais c'est passé ».  

Un an plus tard, devant le juge Renaud Van Ruymbeke cette fois, le même témoin a assuré que « le volume total des commissions était validé, contrat par contrat, par les deux ministres du budget et de la défense ». Celui du budget s'appelait, entre 1993 et 1995, Nicolas Sarkozy. 
Entendu le 7 décembre 2010 par le magistrat, l'ancien patron de la Direction générale des services extérieurs (DGSE, les services secrets) entre 1993 et 2000, Jacque Dewatre, a affirmé sans détour : « L'agrément pour les commissions relève d'autres services qui dépendent du ministre de la défense et du ministre du budget ». 

Entendu pour sa part le 6 juillet dernier, l'ancien commissaire du gouvernement des sociétés d'exportation d'armement, Philippe Bros, a lui aussi pointé le rôle de Bercy dans sa déposition : « Pour ce type de contrat, le rôle du ministère des finances est important, notamment pour le bouclage des financements. Un bureau spécialisé donnait son feu vert pour le versement des commissions ». Et de quel ministre dépendait ce fameux bureau ? Celui du budget. Un certain Nicolas Sarkozy à l'époque des faits.  

Des liasses fiscales archivées à la direction générale des impôts, déjà publiées par Mediapart, prouvent bien que le ministère du budget fut en première ligne dans le versement des commissions. 

Dans son communiqué de presse, l'Elysée tente par un habile élément de langage de tenir l'enquête des juges à bonne distance du président de la République en affirmant enfin que celui-ci y est « totalement étranger ». Pour preuve : « A l'époque où il était ministre du budget, (Nicolas Sarkozy) avait manifesté son hostilité à ce contrat (celui des sous-marins pakistanais, NDLR) ».

L'argument, grossier, avait déjà été développé par Le Figaro. L'Elysée aujourd'hui, comme Le Figaro hier, feignent de ne pas faire de différence entre les services d'un ministère, qui étaient en effet contre ce contrat catastrophique d'un point de vue industriel et financier — sous la gauche, les services de Bercy y étaient déjà opposés —, et le ministre lui-même, Nicolas Sarkozy, qui l'a validé."

Les documents takieddine, en libre-accès : http://www.frenchleaks.fr/-Les-documents-Takieddine-.html

BFM TV / BALLADUR POURRAIT ETRE INQUIÉTÉ

4 / LES RÉACTIONS SUR LES BLOGS

Bembelly
"...L'affaire Karachi ? Un truc très facile à expliquer avec un dessin...

Intox2007

"...La presse l’observe avec étonnement: Ce sont les témoignages des épouses repectives des deux hommes qui ont permis l’accélération récente de l’enquête. La révolte des femmes! Elles ont décidé de donner un coup de balai, sans doute après quelques épisodes de mépris ou font là – au bout d’un certain temps – d’un sens moral et éthique supérieur à celui des mâles.

Et que dire, de Sarkozy qui nous promettait une république exemplaire pendant sa campagne.. On a vu le résultat."



EN BONUS :

Arretsurimages
"Attention, sujet sensible. Selon nos informations, hier soir, TF1 devait diffuser une enquête de plus de 3 minutes, réalisée par Laure Debreuil et Tristan Waleckx, sur le financement de la campagne d'Edouard Balladur en 1995, après la mise en cause de deux proches de Nicolas Sarkozy, Nicolas Bazire et Thierry Gaubert, tous deux mis en examen. Le sujet a finalement été diffusé en ouverture du 20 heures de ce jeudi 22 septembre..."