samedi 28 novembre 2009

[Revue de presse] - [34] - [28 novembre 2009]

LA DCN ENQUETE SUR UN INTERMEDIAIRE POUR SES COMMISSIONS D'ARMEMENT
Nouvelobs.com, AFP 28.11.2009
"La Direction des constructions navales (DCN, devenue DCNS) a commandité "des recherches" sur Jean-Marie Boivin, gérant de sociétés offshore par lesquelles transitaient des commissions sur des contrats d'armements, a affirmé à l'AFP le patron de la société chargée de l'opération. Ancien consultant de DCNI, la branche export de la DCN, l'intéressé gérait au Luxembourg les sociétés Heine puis Eurolux, par lesquelles ont transité des commissions versées en marge des contrats signés par la DCN. La question des commissions, voire d'éventuelles rétrocommissions, versées en marge d'un contrat de vente de sous-marins par la DCN au Pakistan en 1994 est au cœur de l'enquête des juges antiterroristes parisiens sur l'attentat de Karachi en 2002, qui fit 14 morts. Dans le cadre de cette enquête, Jean-Marie Boivin a été entendu comme témoin par le juge Marc Trévidic le 23 octobre, selon une source proche du dossier.

Pour comprendre les motifs qui ont poussé la DCN à commanditer des recherches sur Jean-Marie Boivin, il faut remonter à 2004. À cette époque, la DCN est en pleine restructuration. Elle veut mettre fin à ses relations avec Jean-Marie Boivin mais les discussions achoppent sur le montant du solde de tout compte. La Direction cherche alors à se renseigner sur l'intéressé, a déclaré à l'AFP Jacques Hogard, patron de la société d'intelligence stratégique Epéé, évoquant des révélations de Charlie Hebdo. "La DCN nous avait demandé de faire des recherches sur Jean-Marie Boivin et d'établir une cartographie de ses sociétés au Luxembourg. Nous avons mandaté Kargus (autre société d'intelligence économique, ndlr) sur cette mission", a-t-il expliqué. Selon l'hebdomadaire satirique, un hacker aurait piraté les ordinateurs de Jean-Marie Boivin. Mais le patron d'Epéé se défend d'avoir fait appel aux services d'un pirate informatique. "Nous n'avons jamais fait travailler un hacker parce que c'est en flagrante opposition avec nos principes éthiques", se disant prêt à "répondre à toutes les questions devant un juge".

Le pirate informatique, Alain Quiros, et le patron de Kargus, Thierry Lorho, sont déjà mis en examen par un juge d'instruction de Nanterre dans l'enquête sur l'espionnage informatique de Greenpeace. Tous deux "ont reconnu" devant le magistrat s'être prêtés à des agissements similaires sur l'ordinateur de Jean-Marie Boivin, selon Charlie Hebdo. Sollicités par l'AFP, Alain Quiros et Thierry Lorho n'ont pas souhaité réagir, leurs avocats et le parquet de Nanterre n'ont pas donné suite. La DCNS n'a pas non plus souhaité faire de commentaire. "La seule erreur que nous avons peut-être commise, c'est de faire travailler Kargus", a ajouté pour sa part Jacques Hogard. "Quand nous avons compris pourquoi la DCN nous avait demandé de faire des recherches sur Jean-Marie Boivin, nous avons préféré nous retirer". Dans le conflit qui l'opposait à DCN, Jean-Marie Boivin avait menacé de révéler la nature de ses missions selon un rapport de novembre 2007 du procureur de Paris Jean-Claude Marin que l'AFP a consulté."
lien direct : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/international/20091128.OBS9050/la_dcn_enquete_sur_un_intermediaire_pour_ses_commission.html

KARACHIGATE, L'ETAU SE RESSERRE POUR SARKO ET LES BALLADURIENS
Donjipez'world
"Saura-t-on un jour les causes réelles de l’attentat de Karachi ? L’aspect financier du dossier semble avancer entre auditions et révélations autour des rétro-commissions mises en place pour financer la campagne présidentielle d’Edouard Balladur dont le bras droit était alors aussi ministre du Budget, un certain Nicolas Sarkozy. Reste à espérer que la vérité ne soit pas étouffée dans cette affaire d’Etat et que l’actuel occupant de l’Elysée soit confronté à ses désormais plus qu’éventuels agissements de l’époque (lire ici comment un témoin pointe le rôle très particulier qu’il joua dans l’opération) . L’audition de quelques personnages, dont Bazire, proche de Balladur et de Sarko, semble indiquer que l’étau se resserre et il y aurait une certaine urgence à plus de transparence que ce confinement des révélations à un petit cercle restreint derrière des huis permettant le secret et les petits arrangements."
lien direct : http://donjipez.wordpress.com/2009/11/19/karachigate-letau-se-resserre-pour-sarko-et-les-balladuriens/

lundi 16 novembre 2009

[Revue de presse] - [33] - [16 novembre 2009]

AFFAIRE DE KARACHI, UN TEMOIN POINTE LE ROLE PARTICULIER DE SARKOZY
Mediapart, Fabrice Arfi, Fabrice Lhomme
"Le juge Marc Trévidic, en charge de l’enquête sur les causes de l’attentat de Karachi, qui a coûté la vie à onze employés français de la Direction des constructions navales (DCN) en mai 2002, vient de recueillir un témoignage important. Le 9 novembre, l’ancien directeur financier et administratif de la DCN, Gérard-Philippe Menayas, a pointé le rôle particulier joué par Nicolas Sarkozy dans le cadre de la signature du contrat Agosta – la vente par la France de trois sous-marins au Pakistan en 1994. Ce contrat pourrait avoir un lien, direct ou indirect, avec l’attentat, selon plusieurs éléments de la procédure judiciaire.

Nicolas Sarkozy était alors le ministre du budget d’Edouard Balladur (1993-1995), dont le gouvernement est à l’origine de ce marché d’armement de 838 millions d’euros. 4% du montant devaient être versés en commissions à des agents d’influence au rôle pour le moins trouble. Devant le juge, M. Menayas a évoqué, sans le citer nommément, M. Sarkozy à qui «le plan de financement» du contrat Agosta (y compris la rémunération des intermédiaires) aurait été nécessairement «soumis» en sa qualité de ministre du budget.

M. Menayas a également fait état du versement, en marge du même contrat, de rétrocommissions au bénéfice de destinataires français et pakistanais. Car s’il n’existe pour l’heure aucune preuve matérielle d’un lien entre les dessous financiers du contrat Agosta (et les soupçons de corruption qui en découlent) et l’attentat, l’enquête a d’ores et déjà permis de mettre en lumière les pratiques qui sont au cœur de certains grands marchés d’armement internationaux. Avec, en l’occurrence, le spectre du financement illégal de la vie politique française en toile de fond.

Ancien haut fonctionnaire de la direction du Trésor, Gérard-Philippe Menayas a d’abord expliqué au juge Trévidic dans quelles conditions les dirigeants de la DCN, via sa filiale commerciale DCN International (DCNI), lui avaient imposé deux intermédiaires libanais, Ziad Takieddine et Abdul Rahman El-Assir. Il fallait manifestement les rémunérer, rapidement et en conséquence, dans le cadre du contrat pakistanais, a expliqué en substance M. Menayas. Dans une précédente audition, l’ancien dirigeant de la DCN avait déjà affirmé que MM. Takieddine et El-Assir avaient «été imposés à la DCNI par le pouvoir politique [français]».

A nouveau convoqué par le juge, il s’est fait plus précis le 9 novembre: «Avant que le contrat ne soit signé, M. Takieddine m’a été présenté par M. Castellan et M. Aris [respectivement président et vice-président de DCNI]. M. Castellan m’a emmené dans un appartement avenue Henri-Martin où se trouvaient M. Takieddine et M. El-Assir. » Cette première rencontre aurait eu lieu «au moment de la signature du contrat, aux alentours de septembre 1994».

Leur apparition in extremis – le contrat a été signé le 21 septembre 1994 – est pour le moins surprenante. «Takieddine et El-Assir sont apparus assez tard dans le panorama. D’habitude, les agents sont identifiés beaucoup plus en amont. S’agissant du contrat pakistanais, les négociations avaient débuté en mars 1994. Cela s’est donc fait assez vite», a expliqué M. Menayas.

Le témoin a souligné une autre anomalie de taille portant sur les prétentions financières exorbitantes et les modalités de paiement des deux intermédiaires. M. Menayas est allé jusqu’à les qualifier de «hors normes». «Habituellement, les paiements des consultants se font au prorata des paiements du client», a-t-il précisé. C’est-à-dire que les versements sont échelonnés.

«Mais, en l’espèce, a précisé M. Menayas, M. Takieddine et M. El-Assir voulaient 100% à l’entrée en vigueur du contrat de consultant, ce qui était très inhabituel. Pour tout dire, je n’avais jamais vu ça [...] Avec l’accord du président, j’ai réussi à négocier le paiement de 85% à l’entrée en vigueur et 15% échelonnés au prorata des paiements directs.»

Un montage financier complexe

Question du juge Trévidic:
«MM. Takieddine et El-Assir vous ont-ils dit pour quelle raison ils voulaient 100% tout de suite?»

Réponse de Gérard-Philippe Menayas:
«Ils m’ont dit que c’étaient les exigences de leurs donneurs d’ordres.»

Le magistrat pousse le raisonnement:
— «Cela semble démontrer que quelqu’un avait besoin d’argent rapidement: qu’en pensez-vous?»

Le témoin abonde:
«C’est probable. Je précise que le plan de financement d’un contrat comme le contrat Agosta comportait toutes les données, y compris les frais commerciaux. Or, ce plan de financement était soumis aux autorités de tutelle, c’est-à-dire au ministre de la défense [François Léotard, NDLR] lui-même, au ministre du budget [Nicolas Sarkozy, NDLR] et à la Coface qui garantissait. De ce fait, des exigences hors normes avaient toutes les chances d’être refusées.»

Or, cela n’a pas été cas. «Il y a eu quelques remarques dont je ne me souviens plus exactement, mais c’est passé», a affirmé M. Menayas. Selon ce dernier, M. Takieddine «a reçu 85% [de sa commission] en janvier 1995».

Gérard-Philippe Menayas a ensuite livré des détails édifiants sur les circuits financiers utilisés afin que Ziad Takieddine, via l’une de ses sociétés, Mercor Finance, puisse récupérer les fonds sans laisser de trace. «L’argent partait de DCNI en utilisant des petites banques régionales pour des raisons de discrétion. Cela permettait qu’une seule personne de la banque soit au courant. Je me souviens de la banque Veuve Morin Pons par exemple. L’argent était donc viré vers la société Heine.»

Heine est une société de droit luxembourgeois, créée en 1994 par la DCN pour favoriser le paiement en toute discrétion d’agents d’influence employés pour mener à terme certains gros contrats d’armement des arsenaux français. Selon un rapport de police de mars 2007, qui fait état d’une note saisie à la DCN lors d’une perquisition dans le cadre d’une procédure financière annexe, la société Heine a été créée avec l’aval du ministre du budget de l’époque. Nicolas Sarkozy, toujours.

Les policiers de la division nationale des investigations financières (DNIF) avaient été jusqu’à écrire: «Une chronologie fait apparaître que la création de la société Heine au deuxième semestre 1994 s’est faite après accord de Nicolas Bazire, directeur de cabinet d’Edouard Balladur, et du ministre Nicolas Sarkozy, et fait un lien entre ces faits et le financement de la campagne électorale de Monsieur Balladur pour l’élection présidentielle de 1995.»

Devant le juge Trévidic, M. Menayas a décrit avec une précision d’orfèvre le parcours des fonds destinés à l’un des deux intermédiaires: «Dans le cas de M. Takieddine, l’argent était viré de Heine vers une société de l’île de Man. C’était un nom gaélique, quelque chose comme Gailmer [il s'agit de Formoyle & Gailmer, NDLR]. Cette société a été créée juste pour les commissions de M. Takieddine. Elle a été dissoute après. C’est la Royal Bank of Scotland qui recevait l’argent sur l’île de Man et qui l’envoyait ensuite sur un compte de M. Takieddine au Liechtenstein. L’idée était d’avoir un système à deux étages avec un coupe-circuit en amont et un coupe-circuit en aval.»

Mais les ennuis ont commencé à la suite de l’élection de Jacques Chirac. Ainsi que l’ancien ministre de la défense Charles Millon l’a reconnu dans un entretien à Paris Match, le nouveau président de la République aurait exigé l’arrêt du versement des reliquats de commissions dus aux intermédiaires. M. Chirac les soupçonnait d’avoir financé son rival Edouard Balladur dans sa course à l’Elysée. A l’époque, le directeur de la campagne de M. Balladur n’était autre que Nicolas Sarkozy.

«Il y avait effectivement une clause anti-rétrocommissions»

«Début 1996, a confirmé M. Menayas, M. Castellan m’a indiqué qu’il fallait arrêter les paiements à M. Takieddine en raison d’un ordre donné par le cabinet du ministre de la défense. Il ne m’a pas dit pourquoi, mais il y avait eu un changement politique et il arrive que les agents soient remis en cause en cas de changement politique.» Qu’en termes pudiques ces choses-là sont dites…

Selon M. Menayas, les 15% dus (plus de 5 millions d’euros) à Ziad Takieddine «sont restés chez DCNI, comme un profit exceptionnel». Ces sommes «n’ont jamais été payées», d’après lui.

L’ancien dirigeant de la DCN, qui a été évincé du groupe après sa mise en cause dans une affaire financière, a également confié au juge se demander «pour quelle raison M. Takieddine n’a pas fait valoir ses droits». Il a lui-même apporté des réponses possibles à ses interrogations: «Peut-être n’avait-il aucun espoir d’obtenir satisfaction en raison du refus clair et net des autorités françaises.» Ou encore : «Peut-être a-t-il été désintéressé [dédommagé, NDLR] d’une façon». A moins qu’il ait constaté que «sa position n’était pas très solide».

Manifestement intéressé par cette dernière proposition, le juge Marc Trévidic a alors demandé à M. Menayas si Ziad Takieddine ne se serait pas mis «en tort» dans l’exécution du contrat qui le liait à la DCN. Pour M. Menayas, la réponse ne semble faire aucun doute: «Il y avait effectivement une clause anti-rétrocommissions dans ce contrat comme dans les autres contrats de consultants.» Le style indirect est admirable, mais ne doit pas faire oublier l’information que recèle cette phrase. L’ancien directeur financier de la DCN laisse ainsi entendre très fortement qu’il y aurait bien eu des rétrocommissions.

Mediapart a déjà fait état de la découverte au siège de la DCN de documents juridiques datant a priori de 2000 qui confirmaient, eux aussi, l’hypothèse de rétrocommissions en faveur de bénéficiaires français en marge du contrat Agosta. Le «silence» de Ziad Takieddine face à ses accusations avait d’ailleurs été interprété en interne comme une «forte présomption d’acquiescement», soulignaient les deux notes en question.

D’autre part, selon des éléments bancaires récupérés par des juges genevois à la fin des années 1990, dans le cadre d’une vaste affaire de blanchiment mettant en cause l’ancien premier ministre du Pakistan (Benazir Bhutto) et son mari (Azif Ali Zardari), il est apparu que certains mouvements financiers suspects impliquant des intermédiaires du contrat Agosta ont eu pour destination finale la France. Ces mouvements bancaires pourraient concerner des flux de corruption destinés, in fine, à des décideurs politiques français, selon des sources concordantes citées par Mediapart dans une précédente enquête.

Du clan Bhutto, il fut d’ailleurs aussi question dans le cabinet du juge lors de l’audition de Gérard-Philippe Menayas. Interrogé sur un document interne à la DCN évoquant un versement, en marge du contrat Agosta, à un certain «M. Frère», M. Menayas a décrypté ainsi cette mention: «Il s’agit de l’un des frères de Benazir Bhutto [...] Je sais que c’est lui par une information que j’ai reçue. Lors d’une réunion de DCN, M. Hervé Cheneau [inspecteur général de l'armement, NDLR] a précisé qu’il s’agissait de l’un des frères de Benazir Bhutto.»

Premier ministre du Pakistan de 1988 à 1990 puis de 1993 à 1996 (donc au moment de la signature du contrat Agosta), Mme Bhutto a été assassinée en 2007. Son mari, Azif Ali Zardari, qui a passé de nombreuses années en prison pour corruption et qui est accusé d’avoir touché des pots-de-vin dans le cadre du contrat Agosta, comme l’a révélé récemment Libération, est depuis septembre 2008 à la tête de l’Etat pakistanais."

lien direct : http://www.mediapart.fr/journal/france/161109/affaire-de-karachi-un-temoin-pointe-le-role-particulier-de-sarkozy



LES POTS DE VIN DU PRESIDENT PAKISTANAIS

Liberation, Guillaume Dasquié, 10 novembre 2009
"...Explication : entre octobre 1993 et novembre 1996, la Première ministre, Benazir Bhutto, offre plusieurs fonctions officielles à son mari, Ali Zardari. Ce dernier en profite pour exiger des commissions tous azimuts, en accord avec son épouse. Une particularité qui lui vaudra le sobriquet de «Mister 10%», et provoquera sa chute. Interpellé le 19 décembre 1996, il est incarcéré pour avoir protégé un trafiquant de drogues contre rémunération, selon une lettre du procureur d’Islamabad dont nous avons obtenu copie. Celle-ci mentionne aussi plusieurs comptes en banque ouverts en Europe. A partir de 1997, le National Accountability Bureau (NAB, sorte de Cour de discipline budgétaire) entreprend de répertorier les avoirs détenus à l’étranger par le couple Bhutto-Zardari. Des coopérations s’enclenchent avec les Suisses et les Britanniques. Selon le bureau du magistrat helvétique Vincent Fournier, que nous avons sollicité, ces requêtes pakistanaises mentionnent les contrats susceptibles d’avoir généré des commissions illicites au profit d’Ali Zardari, dont le contrat des sous-marins de la DCN. Quatre ans plus tard, ces démarches s’avèrent fructueuses...."
lien direct : http://www.liberation.fr/societe/0101602179-les-pots-de-vin-du-president-pakistanais


LE JUGE BRUGUIERE N'A RIEN A DIRE
Le coucou de claviers, 5 novembre 2009
"...On attendait notamment des éléments solides permettant de comprendre son instruction de l'attentat de Karachi, une affaire remise en scène par l'actualité, et que ses implications politiques possibles rendent brûlante… Las! C'était oublier que l'ancien juge est devenu un adhérent actif de l'UMP, candidat malheureux à la députation, mais soutien éminent de Nicolas Sarkozy. C'était aussi sans compter avec le fait que M. Bruguière venait à la radio vendre sa salade, en l'occurence un livre intitulé «Ce que je n'ai pas pu dire»…"
lien direct : http://unclavesien.blogspot.com/2009/11/le-juge-bruguiere-na-rien-dire.html

vendredi 6 novembre 2009

[video] - [complément d'enquête sur le Karachi Gate] - [France 2]

Octobre 2009 : L'émission "complément d'enquête" de Benoit Duquesne sur France 2 consacre un long reportage à l'attentat de Karachi et à la piste des rétrocomissions :

Partie 1 (à partir de 7.30) :

envoyé par tchels0o.


Partie 2 + interview d'Eva Joly :

envoyé par tchels0o.

Merci à Tchelsoo et à France 2.

jeudi 5 novembre 2009

[Revue de presse] - [32] - [05 novembre 2009]

KARACHI : DEPUIS LA SUISSE, DES RÉTRO-COMMISSIONS VERS DES POLITIQUES FRANÇAIS
Mediapart, 5 novembre 2009, Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme
"...Le dossier dort dans les archives des autorités judiciaires helvétiques et plane comme une ombre menaçante sur la France: la Suisse a discrètement investigué sur les dessous du contrat Agosta (la vente de sous-marins français au Pakistan en 1994) et collecté des informations à ce jour inexploitées.

Selon des informations recueillies par Mediapart, une enquête pour «blanchiment» menée entre 1997 et 2008 par les autorités judiciaires de Genève contre l’actuel président du Pakistan, Asif Ali Zardari, a permis de mettre au jour de nombreux mouvements bancaires douteux entre plusieurs intermédiaires cités dans le volet financier de l’affaire de Karachi instruite en France.
Il s’agit de transferts d’argent opérés au milieu des années 1990 à partir de comptes suisses entre diverses sociétés offshore (implantées notamment dans les îles Vierges britanniques, un paradis fiscal), dont les responsables ou les ayants droit de fait étaient Abdul Rahman El Assir, Amir Lodhi et Ziad Takieddine.

Certains de ces mouvements financiers ont eu pour destination finale la France et pourraient concerner des flux de corruption destinés, in fine, à des décideurs politiques français, selon des sources concordantes.
Les noms de ces trois agents d’influence (MM. El Assir, Takieddine et Lodhi) sont bien connus des autorités françaises et pakistanaises puisqu’ils sont apparus, en 1994, dans le cadre de la vente au régime d’Islamabad de trois sous-marins Agosta par le gouvernement de l’ancien premier ministre Edouard Balladur. Montant de l’opération: 825 millions d’euros – dont 10,25 % de commissions..."
lien direct : http://www.mediapart.fr/journal/france/041109/karachi-revelations-sur-la-piste-des-comptes-suisses


AFFAIRE DE KARACHI : UN EX- RESPONSABLE DE LA DCN OUVRE LA PISTE INDIENNE
Mediapart, 4 novembre 2009 Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme
"...Jean-Marie Boivin, l’homme que l’on présente parfois comme l’«Alfred Sirven» de l’armement, par allusion à celui qui détenait les secrets les plus inavouables d’Elf-Aquitaine, a enfin parlé. Dans le cabinet du juge d’instruction antiterroriste Marc Trévidic, qui enquête sur les causes de l’attentat qui avait causé la mort, le 8 mai 2002, de onze employés français de la Direction des constructions navales (DCN) à Karachi, cet ancien responsable financier de la DCN, interrogé en qualité de témoin le 23 octobre, a ouvert une nouvelle piste.


L’attaque contre les intérêts français n’aurait rien à voir avec les islamistes pakistanais ou Al-Qaida (comme le soupçonnait initialement la justice), pas plus qu’avec un règlement de comptes lié à des commissions qui n’auraient pas été payées par la France à l’occasion de la vente de sous-marins Agosta (thèse privilégiée par les juges Marc Trévidic et Yves Jannier depuis 2008), mais pourrait avoir été le fruit d’une vengeance de militaires pakistanais, furieux que la France ait vendu des sous-marins de type Scorpene au grand ennemi du régime d’Islamabad, l’Inde.


Au cours de son audition, dont Mediapart a pu prendre connaissance, M. Boivin a révélé qu’à l’occasion du contrat Agosta, signé en 1994 entre la marine pakistanaise et DCNI (branche commerciale de la DCN), une clause confidentielle avait été ajoutée, à la demande d’Islamabad. Cette clause a pris la forme, selon M. Boivin, d’une «contre-lettre», c’est-à-dire une convention secrète qui contredit, en les annulant ou en les modifiant, des dispositions contenues dans un contrat. «Ce qui est intéressant dans cette contre-lettre, c’est qu’il s’agissait d’un engagement de la France et de DCNI de ne pas vendre de sous-marins à l’Inde», a précisé le témoin. M. Boivin s’est montré précis sur ses sources: «Je tiens cette information de Mme Joyeux [membre de l'équipe de DCNI] elle-même ainsi que de divers techniciens et ingénieurs qui faisaient partie de l’équipe de négociation..."
lien direct : http://www.mediapart.fr/journal/france/041109/affaire-de-karachi-un-ex-responsable-de-la-dcn-ouvre-la-piste-indienne


CE QUE RÉVÈLENT LES NOTES DE LA DGSE
Mediapart, 3 novembre 2009, Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme
"...De manière assez surprenante, aucune des quarante notes déclassifiées par le gouvernement ne mentionne le contrat Agosta de 1994, dont certaines clauses sont encore tenues secrètes. Les services secrets français, comme Mediapart l’a déjà raconté, se sont pourtant longtemps intéressés à deux intermédiaires d’origine libanaise, Ziad Takieddine et Abdul Rahman El Assir, qui ont joué un rôle décisif dans ce contrat et qui sont aujourd’hui ouvertement suspectés d’avoir redistribué une partie de leurs commissions à des décideurs, en France comme au Pakistan. Détail qui n’en est peut-être pas un: les quarante notes remises aux magistrats sont toutes estampillées «confidentiel défense», le niveau de protection le plus faible. Aucun document classé «secret défense», ni a fortiori «très secret défense» (le plus haut niveau de classification), ce qui peut sembler également assez intrigant pour une affaire de cette ampleur. «La DCN a été prise pour cible en raison de sa vulnérabilité»

[...]

La totalité des documents déclassifiés par le gouvernement, dont on peut dès lors raisonnablement supposer qu’ils ne reflètent que de manière partielle le travail des services de renseignements français sur l’affaire de Karachi et ses possibles ramifications, se focalise exclusivement sur l’implication éventuelle d’Al-Qaida dans l’attentat du 8 mai 2002. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les documents en question n’offrent guère de certitudes sur ce point.

Dès le 16 mai 2002, soit huit jours après l’attaque qui a tué quinze personnes (dont onze Français) et blessé grièvement douze autres, la DGSE écrit que «le caractère discret de la présence française au Pakistan et de ses interventions en Afghanistan ne justifiait pas en soi cet attentat». Mais elle ajoute que le «caractère symbolique de la cible [des Occidentaux travaillant pour le compte de la marine pakistanaise, NDLR] et surtout la facilité d’approche» ont «pesé dans le choix des terroristes».

Une autre note du même jour précise: «A l’évidence, les autorités pakistanaises entendent très fermement écarter toute piste intérieure qui ne pourrait susciter qu’un débat interne problématique. En engageant la responsabilité d’Al-Qaida, Islamabad doit cependant impérativement trouver un acteur extérieur qui ne mettra pas en cause la stabilité du pays, notamment en zone pachtoune où le dialogue est déjà difficile avec l’Inde.» Six jours plus tard, les services français, qui jugent «de plus en plus probable que l’équipe de la DCN ait été prise pour cible en raison de sa vulnérabilité», insistent: «La responsabilité de groupes pakistanais opposés à la politique de Musharraf demeure la plus probable en dépit des accusations contre Al-Qaida.» Une autre note, qui souligne que «la piste intérieure [est] volontairement occultée par Islamabad», suggère que l’attentat «pourrait avoir pour origine des raisons politiques intéreures».

Une «fausse preuve forgée» par la police pakistanaise
Accréditant l’idée d’une enquête biaisée à Karachi, la DGSE fait état, dès le 3 juin 2002, dans un rapport intitulé «Attentat de Karachi: vers la piste pakistanaise», de la volonté des services de sécurité pakistanais d’«écarter» désormais une implication d’Al-Qaida pour des raisons de politique intérieure. «Ils en sont aujourd’hui réduits à évoquer de façon informelle les hypothèses les plus douteuses [comme] une responsabilité des services américains de renseignements infiltrés au sein d’Al-Qaida», poursuit le document.

Deux semaines plus tard, les services secrets français évoquent une «enquête dans l’impasse» et affirment que «la piste des groupes fondamentalistes pakistanais demeure la plus crédible». Hypothèse qui sera appuyée par une note du 18 décembre 2002 selon laquelle Al-Qaida et le terrorisme international ne seraient donc pas à l’origine de l’attentat. Celui-ci «semble de plus en plus devoir être relié à un contexte purement local», écrit la DGSE. Qui ajoute: «Il sera d’autant plus difficile d’en identifier les réels commanditaires.» Suivant manifestement pas à pas les développements de l’enquête de la police pakistanaise, les services secrets français évoquent le 23 décembre 2002 une «zone d’ombre» majeure. Le seul indice matériel censé confondre un certain Asif Zaheer, suspecté d’être l’un des principaux responsables de l’attentat, est selon la DGSE «une fausse preuve forgée pour l’occasion puisque ce livret était en possession du Criminal Investigation Departement depuis de nombreux mois». Il s’agit en l’occurrence du livret d’immatriculation de la Toyota ayant servi, le 8 mai 2002, à l’attaque suicide contre le bus de la DCN et dont Asif Zaheer aurait été en possession.

Plus loin, la DGSE évoque à propos d’explosifs découverts chez le même Zaheer, sur la foi de confidences recueillies «en privé» auprès d’enquêteurs pakistanais, «un montage du chef de la police» qui «aurait elle-même dissimulé des détonateurs». Les expertises menées sur les lieux de l’explosion par la police scientifique parisienne ont par ailleurs permis de déterminer que les explosifs trouvés au domicile de Zaheer (du nitrate d’ammonium) ne correspondaient pas à ceux utilisés contre la DCN – du TNT militaire.

Le 14 mars 2003, trois jours avant l’ouverture du premier procès d’Asif Zaheer et de l’un de ses complices supposés, la DGSE se dit convaincue par avance que «ce procès ne permettra pas d’identifier les réels commanditaires de l’attaque suicide». Condamné à mort en première instance, Asif Zaheer sera finalement acquitté, le 5 mai 2009, par la cour d’appel de Karachi. Faute de preuves. Un autre suspect, Mohammad Sohail Habi, condamné à mort par contumace, a lui aussi été acquitté le 30 octobre dernier par la justice pakistanaise pour le même motif. La principale « faiblesse » de l’enquête officielle

A partir de septembre 2003, la DGSE semble ne plus savoir sur quel pied danser s’agissant des responsables de l’attentat. Dans une note du 8 septembre, elle affirme d’abord que «l’attentat anti-français du 8 mai 2002 a été perpétré par des activistes de la mouvance sectaire pakistanaise. Cette action a été partiellement financée par un membre d’Al-Qaida malgré les consignes de Ben Laden puisque cheikh Mohamed confirme le rôle joué par Zaheer, alias Shujah, chef du groupe responsable de l’attentat du 8 mai 2002».
Puis elle ajoute, en commentaire, que «les explications de cheikh Mohamed n’expliquent [sic] pas les motivations des terroristes quant au choix de la DCN».

Et plus le temps passe, plus les services secrets français paraissent être certains de l’implication d’Al-Qaida sans que, pour autant, de nouveaux éléments déterminants n’aient émergé. Ainsi, dans un rapport du 8 avril 2005, les agents de la DGSE, qui parlent d’un attentat commis par le «deuxième cercle d’Al-Qaida», affirment que «les derniers renseignements recueillis permettent de considérer qu’Abou Faraj al-Libi, responsable des opérations d’Al-Qaida, est impliqué dans la formation et le financement des auteurs de cette action». Intitulée «Al-Qaida commanditaire de l’attentat contre la DCN à Karachi», une note du 6 juillet 2005 se veut encore plus affirmative. Insistant sur l’importance d’Abou Faraj al-Libi, arrêté quelques semaines plus tôt et accusé d’avoir «joué le rôle d’intermédiaire entre un cadre au sein d’Al-Qaida restant à identifier et les protagonistes de l’attentat», le document se conclut par cette curieuse formule: «L’identité du véritable commanditaire est encore inconnue, en revanche son appartenance à Al-Qaida ne fait plus de doute.»

Dans une note du 9 septembre 2005, la DGSE, qui souligne qu’Abou Faraj al-Libi aurait «nié toute implication d’Al-Qaida dans l’attentat», évoque les confessions d’un cadre de l’organisation de Ben Laden, soulignant que «[ses] réponses ne permettent pas d’identifier un commanditaire spécifique pour l’attentat de la DCN mais confirment que l’opération a été financée par Al-Qaida et réalisée par un groupe pakistanais local, le HUMAA».

Le 17 février 2006, les services français confirment que «la principale faiblesse de l’enquête officielle demeure la méconnaissance des commanditaires et du mode de financement de l’attentat». Tout en observant que «le service [la DGSE, NDLR] a néanmoins recueilli plusieurs renseignements indiquant l’implication des cadres d’Al-Qaida». Sans qu’il soit possible de savoir avec précision l’ampleur et l’exactitude de ces «renseignements».


[...]

Au terme de la lecture des liasses de documents déclassifiés par le gouvernement, une étrange impression de confusion subsiste, qu’il s’agisse, au Pakistan, des manipulations policières et de la lutte antiterroriste à géométrie variable, ou, côté français, de l’obstination des services de renseignements français à privilégier la piste menant à Al-Qaida, pourtant initialement écartée. Reste surtout une béance: l’absence de tout élément susceptible d’infirmer ou de confirmer la principale hypothèse d’enquête des juges, à savoir la piste des rétrocommissions occultes qui ont pu profiter au clan Balladur à l’approche de l’élection présidentielle de 1995. Selon cette thèse, c’est l’arrêt du versement des commissions dues par la France, décidé par les chiraquiens après l’élection de leur poulain, qui serait à l’origine de l’attentat." lien direct : http://www.mediapart.fr/journal/france/031109/affaire-de-karachi-ce-que-revelent-les-notes-de-la-dgse

mercredi 4 novembre 2009

[video] Interview d'Eva Joly sur le Karachigate - France 2

Interview d'Eva Joly à la suite du reportage de "complément d'enquête" sur "l'affaire des retrocommissions" P.S : Je cherche l'intégralité de l'émission.


dimanche 1 novembre 2009

[video] quand le karachigate s'invite à l'assemblée nationale

Bernard Cazeneuve député PS, interpelle le premier ministre sur l'affaire de Karachi.

Y a t-il oui ou non un système de commissions adossé à ce contrat ?
Est-il vrai que 85% des commissions ont été versées dès 1994 pour un contrat achevé en 2008 ?
Est-il vrai que des sociétés off-shore ont été mises en place pour poursuivre le versement des commissions ?

Réponse de Michèle Alliot-Marie...