mercredi 21 septembre 2011

[revue de presse] - [106] - [19-21 septembre 2011] - [Garde à vue de Nicolas Bazire]

Lemonde.fr
"L'enquête du juge Renaud Van Ruymbeke sur le financement de la campagne présidentielle de 1995 s'est accélérée mercredi 21 septembre avec le défèrement d'un ex-collaborateur de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert, et le placement en garde à vue d'un autre proche du chef de l'Etat, Nicolas Bazire.
Ancien directeur de cabinet d'Edouard Balladur, M. Bazire, qui fut également le directeur de la campagne présidentielle de l'ex-premier ministre, a été interpellé mercredi matin à Paris et placé en garde à vue, a-t-on indiqué de source proche de l'enquête, confirmant une information du site du Journal du dimanche.


Il doit être entendu sur le versement de rétrocommissions présumées en marge de contrats de ventes d'armes au Pakistan et en Arabie Saoudite, dans les années 1990. Son domicile et ses locaux professionnels font l'objet d'une perquisition par les enquêteurs de la Division nationale des investigations financières (Dnif), a-t-on indiqué de source proche du dossier.

Proche de M. Balladur, M. Bazire est également un proche de M. Sarkozy et travaille désormais pour le groupe LVMH de Bernard Arnault.

Dans ses éditions du 1er et du 9 juillet, Le Monde indiquait que plusieurs témoins avaient désigné Nicolas Bazire comme l'homme au cœur du dispositif. Certains ont décrit aux enquêteurs avec force détails le coffre-fort de son bureau au QG de campagne, souvent empli de liasses de billets. Ainsi Raymond Huard, affecté à la trésorerie, a-t-il assuré que de "grosses sommes arrivaient dans le coffre de Nicolas Bazire".

Francis Lamy, conseiller d'Etat désigné par M. Balladur – dont il est un proche parent – pour répondre aux questions insistantes du Conseil constitutionnel quand il a examiné les comptes de campagne, a également pointé le rôle prééminent joué par M. Bazire. M. Lamy avait expliqué aux rapporteurs du Conseil constitutionnel, en 1995, qu'une somme de plus de 13 millions de francs versée en liquide sur les comptes de campagne provenait de la vente de gadgets lors des meetings, version jugée fantaisiste par les enquêteurs. "Je suis pratiquement certain que c'est M. Bazire qui m'a donné ces explications", a déclaré M. Lamy à plusieurs reprises.

Parallèlement, Thierry Gaubert, ancien collaborateur de M. Sarkozy à la mairie de Neuilly et au ministère du budget, devait être déféré dans la journée devant le juge van Ruymbeke, après avoir passé 48 heures en garde à vue, a-t-on indiqué de source judiciaire.

Les enquêteurs s'intéressent aux liens éventuels de MM. Gaubert et Bazire avec l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, présenté comme intermédiaire dans deux contrats d'armement sur lesquels enquêtent les juges Van Ruymbeke et Roger Le Loire.

Les juges cherchent à savoir si les commissions versées sur ces contrats ont pu alimenter la campagne présidentielle de M. Balladur en 1995. Selon un témoignage révélé par Mediapart et Le Nouvel Observateur, la princesse Hélène de Yougoslavie, qui a vécu un divorce difficile avec Thierry Gaubert, a expliqué aux enquêteurs que son ex-mari avait accompagné M. Takieddine en Suisse pour aller chercher des valises "volumineuses de billets" durant la période 1994-95. Selon elle, l'homme qui récupérait les "mallettes" en France était M. Bazire.

Ces nouveaux développements interviennent alors que Ziad Takieddine a été mis en examen pour "complicité et recel d'abus de biens sociaux" la semaine passée par le juge van Ruymbeke. L'homme d'affaires franco-libanais est présenté par plusieurs témoins cités au dossier comme un intermédiaire imposé par le cabinet de l'ancien ministre balladurien de la défense, François Léotard, peu de temps avant la conclusion en 1994 au Pakistan d'un contrat de vente de sous-marins."


flash back : 1995 (LES NICOLAS PARTENT EN CAMPAGNE), via INA et Rue 89


Le nouvel obs, Serge Raffy

"La princesse Hélène de Yougoslavie, descendante du roi d’Italie, Umberto II, entre en fanfare dans le dossier Karachi. Entendue à la fin de l’été par les policiers de la DNIF (Direction Nationale des Investigations Financières), elle avait révélé aux enquêteurs que son ex-mari, Thierry Gaubert, ami intime de Nicolas Sarkozy avait accompagné, en Suisse, l’intermédiaire libanais Ziad Takieddine, pour aller chercher des valises "volumineuses de billets", durant la période 94-95. Il doit être déféré devant le juge mercredi 21 septembre.
Elle avait ajouté que l’homme qui récupérait les "mallettes" en France était Nicolas Bazire. Alors directeur de cabinet du Premier ministre de l'époque Edouard Balladur, il vient d'être placé en garde à vue. Ce témoignage a fait l’effet d’une bombe et méritait de plus amples investigations avant que ce témoin-clé de l’enquête sur l’attentat de Karachi ne soit entendu par le juge Van Ruymbeke.
Actuellement auditionnée par le magistrat instructeur au pôle financier du tribunal de Paris, boulevard des Italiens, Hélène de Yougoslavie, habituée des magazines people, comme "Point de vue", a vécu un divorce tumultueux avec Thierry Gaubert, il y a trois ans. Depuis, elle s’est lancée dans l’activité photographique. Son témoignage est un véritable pavé jeté dans le milieu des très proches collaborateurs de Nicolas Sarkozy.

Thierry Gaubert est en effet un ami de 30 ans du Président de la République. Il fut son directeur de la communication à la mairie de Neuilly, puis son chargé de mission au ministère du Budget. Emporté par une affaire de détournements de fonds dans les Hauts de Seine à la fin des années 90, il avait disparu des écrans et travaillait à la Caisse d’Epargne, mais s’était éloigné de la politique, pour ne pas gêner l’ascension de son ami.

Le retour sur le devant de la scène de Thierry Gaubert, connu aussi pour ses amitiés israéliennes, pourrait bien provoquer une suite d’auditions de plusieurs personnalités politiques qui ont eu des relations très amicales avec le sulfureux Ziad Takieddine, comme Claude Guéant, Jean-François Copé, François Léotard, ou Brice Hortefeux.
Nicolas Bazire, impliqué par la princesse de Yougoslavie dans la "valse des mallettes" et dont le nom avait circulé à plusieurs reprises dans l’affaire de Karachi, est un des conseillers les plus proches du Président de la République. Il fut son témoin de mariage avec Carla Bruni.
(Lire l'intégralité du dossier "Les dossiers qui font peur à Sarkozy" dans Le Nouvel Observateur du 22 septembre 2011. Par Serge Raffy, Stéphane Arteta, Olivier Toscer, Marie-France Etchegoin et Odile Benyahia-Kouider).



Public Senat
Magali Drouet est l’une des filles de victime de l’attentat de Karachi. Avec Sandrine Leclerc, elle est  l’auteur de On nous appelle les Karachi (ed. Fleuve noir). « Sarkozy nous doit la vérité. Vu les circonstances, j’ai des doutes », lance-t-elle, après les gardes à vue de deux proches du Président, Nicolas Bazire, et Thierry Gaubert. Entretien.

Nicolas Bazire, ex-directeur de campagne de Balladur et proche de Nicolas Sarkozy, a été mis en examen, comme Thierry Gaubert, ancien collaborateur du chef de l’Etat. Quelle est votre réaction ?
On est satisfait que les juges d’instruction puissent faire leur travail. La satisfaction ne vient pas du fait qu’il s’agisse de proches de Nicolas Sarkozy. Si c’était mon voisin jardinier, ce serait la même chose. Nous sommes soulagés que la justice puisse passer et que l’instruction avance.

Vous aviez eu des doutes, à un moment, que l’enquête puisse avancer ? 
Quand on voit toutes les affaires politico-financières ces dernières années oui, on était en droit de se poser la question si les juges d’instruction allaient faire le travail. On s’est rendu compte qu’il y a eu beaucoup d’entraves. Mais ça n’empêche pas les juges Van Ruymbeke et Le Loire de faire avancer le dossier. C’est rassurant.

Selon un témoignage révélé par Mediapart et Le Nouvel Obs, la princesse Hélène de Yougoslavie, divorcée de Thierry Gaubert, a expliqué aux enquêteurs que son ex-mari avait accompagné Ziad Takkiedine en Suisse pour aller chercher des valises « volumineuses de billets » durant la période 94-95. Selon cette femme, c’est Nicolas Bazire qui récupérait ces valises en France. Un témoignage à prendre au sérieux selon vous ?
Je ne savais pas que cette info était sortie ! Ces bonshommes vont se faire avoir par leur divorce ! Il y a un témoignage sous X dans le dossier du juge d’instruction de Van Ruymbeke. C’est peut-être elle, mais je ne sais pas du tout. Une personne disait que Thierry Gaubert était allé en Suisse chercher des valises, accompagné de Takkiedine, et les remettait à Nicolas Bazire. Ça corrobore, c’est crédible. Ça va dans le sens du dossier. Au début, on nous disait que c’était une fable, qu’Edouard Balladur n’était pas au courant. Aujourd’hui, s’il y a des mises en examen et des gardes à vue, c’est qu’il y a des éléments graves dans le dossier. La fable tombe. C’est de plus en plus concret. Ça met à jour un système de corruption énorme du système politique français. Si c’était vraiment rentré dans les mœurs, c’est grave. Je viens de finir la République des malettes (de Pierre Péan, ndlr), je n’arrive même plus à être surprise.

Que demandez-vous à Nicolas Sarkozy ?
Jacques Chirac avait dit en 2002 que l’Etat français ferait tout pour qu’on sache la vérité. Nicolas Sarkozy aussi nous doit la vérité. Vu les circonstances, j’ai des doutes qu’il nous la donne. Vu que nous ne sommes que de « trucs comme ça», comme il avait dit en réponse à un journaliste à Bruxelles, on ne va pas l’importuner… Mais rendez-vous dans quelques années. On verra qui est le « truc ». La justice fait son travail, l’essentiel est là.


Jegoun.net
"...Au début, quand j’évoquais cette affaire, il fallait que je l’explique entièrement. Maintenant, tout le monde est au courant. Je vais faire vite, avec un conditionnel pour faire joli. Il semblerait que le financement de la campagne de Monsieur Balladur en 1995 ait été assuré par des valises de billets en provenance de l’étranger en remerciement de commissions versées pour l’achat de frégates. L’arrêt du versement des commissions, décidé par Jacques Chirac et Dominique de Villepin, aurait provoqué, en représailles, l’attentat de Karachi qui a fait une quinzaine de morts. Nicolas Sarkozy était alors dans l’équipe de campagne d’Edouard Balladur et ministre du budget.

A l’heure où je vous cause, j’imagine la panique dans les états-majors des différents groupes qui soutiennent le Président de la République. L’étau se resserre : même si Nicolas Sarkozy n’est pas impliqué dans cette histoire, on voit mal comment il pourrait ne pas être éclaboussé.

MM. Juppé et Villepin, par contre, ont été surpris par mon raton laveur en train de sourire. Alain Juppé a été empêché de conquête de l’UMP à cause de ses déboires judiciaires. C’est Nicolas Sarkozy qui a eu le poste. Dominique de Villepin, quant à lui, a vu sa carrière présidentielle promise arrêtée à cause de ses déboires judiciaires.

Jacques Chirac a eu la bonne surprise de voir les procureurs défendre sa relaxe provoquant la colère des parties civiles et de leur avocats mettant en cause l’indépendance de la justice (ce qui énerve Marco).

Ce qui va motiver la justice à faire preuve de son indépendance avec Nicolas Bazire, ce qui ne va pas nécessairement aller dans le sens des intérêts de nos dirigeants préférés.

Qui sera le candidat de l'UMP en 2012 ? Ils vont organiser des primaires ?"