1 / UNE 12e VICTIME
KARACHI, LE 12e MORT ET LES DISQUETTES
Le Point, Hervé Gattegno / 28.10.2011
"Les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire, saisis du volet financier de l'enquête sur l'attentat de Karachi, ont confié à la police des investigations sur les circonstances ayant entouré la mort d'un militant associatif de Garges-lès-Gonesse, Akim Rouichi, en 1995. Selon des témoignages récemment recueillis par la Division nationale des investigations financières (DNIF), celui-ci aurait été chargé de missions d'espionnage et de surveillance sur des personnalités liées à la campagne présidentielle d'Édouard Balladur qui l'auraient notamment conduit à intercepter des conversations téléphoniques. Le jeune homme avait été découvert pendu quelques mois après l'élection, sans qu'aucune trace de ses enregistrements soit retrouvée auprès de lui. Les enquêteurs disposent d'une preuve que ces écoutes illicites ont bien existé. Il s'agit d'une note interne à l'état-major de campagne d'Édouard Balladur datée du 5 avril 1995 et adressée au directeur de campagne, Nicolas Bazire, qui rapporte la démarche effectuée par Akim Rouichi lorsque celui-ci s'était rendu au siège du candidat dans l'espoir de "vendre" ses enregistrements. Selon l'auteur de la note - intégralement publiée dans le numéro du Point à paraître jeudi 27 octobre -, l'homme disait avoir été recruté par des réseaux au service de Jacques Chirac et avoir surpris des conversations impliquant notamment François Léotard, Renaud Donnedieu de Vabres, ainsi que certains hauts fonctionnaires et industriels de l'armement. "Aucun souvenir" Interrogé par la police en qualité de témoin le 13 octobre dernier, le rédacteur du document, Jean-Charles Brisard, a confirmé la scène et relaté sa rencontre avec Akim Rouichi. Il a précisé que ce dernier lui avait fait écouter des extraits des écoutes téléphoniques qu'il avait réalisées, et qui portaient sur des contrats de ventes d'armes, dont le fameux contrat Agosta - l'accord prévoyant la fourniture de sous-marins au Pakistan en 1994 - qui est aujourd'hui au coeur de l'enquête des juges. Sollicité par Le Point, Nicolas Bazire a répondu - via son avocat Me Jean-Yves Liénard - qu'il n'avait "aucun souvenir" de cet épisode. L'un des frères d'Akim Rouichi confirme avoir, lui aussi, entendu plusieurs conversations interceptées, dont l'une entre Charles Pasqua et François Léotard - alors tous deux ministres du gouvernement Balladur - relative à une livraison de missiles. "Il était question de commissions", croit-il se souvenir. Lui aussi a récemment été interrogé par la DNIF.
La note adressée à Nicolas Bazire désigne par ailleurs les commanditaires pour lesquels Akim Rouichi disait avoir effectué ses missions clandestines : deux hauts policiers à la réputation sulfureuse, le contrôleur général Jacques Delebois et le commissaire Patrick Rougelet. Ces deux hommes avaient déjà été soupçonnés, en 1996, de mener des enquêtes parallèles en usant des moyens de leurs services respectifs. Ancien de la DST, Delebois a été impliqué dans l'affaire des micros du Canard enchaîné, en 1973, puis dans celle du "vrai-faux passeport" de l'affaire Carrefour du développement, un scandale politico-financier qui avait marqué le premier septennat de François Mitterrand. Rougelet, lui, appartenait aux RG ; il a été révoqué en 1998. Le Point n'a pas réussi à entrer en relation avec le premier. Le second nous a affirmé n'avoir "jamais rencontré M. Rouichi" ni "traité d'informateurs sans rendre compte" à sa hiérarchie. La famille d'Akim Rouichi a toujours contesté la thèse du suicide, retenue par la justice après sa mort. En 1998, une plainte contre X pour "assassinat" s'était soldée par un non-lieu, les expertises médicales ayant infirmé l'hypothèse d'une intervention extérieure. L'existence des enregistrements avait été évoquée durant l'enquête, mais cette piste n'a jamais été suivie. Ni l'ordinateur ni les disquettes informatiques qui contenaient les mystérieuses écoutes n'ont jamais été retrouvés."
Extrait de l'interview avec François Rouichi (Mediapart):
Autres articles :
- KARACHI, UN FANTÔME AUX PORTES DE L’ÉLYSÉE, Médiapart (payant) 30.10.2011
- AFFAIRE KARACHI ; NOUVELLE RECHERCHE SUR UN MILITANT ASSOCIATIF RETROVUE PENDU, Le Post.fr 28.10.2011
- LES ENQUÊTEURS A LA RECHERCHE D'ENREGISTREMENTS, Libération
2 / LA BANDE A BALLADUR
THERRY GAUBERT SOUPÇONNÉ DE SUBORDINATION DE TÉMOIN
Liberation, Sonya Faure / 19.10.2011
"Le parquet de Paris a délivré un réquisitoire supplétif pour subornation de témoin à l'encontre de Thierry Gaubert. Ami et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à la mairie de Neuilly et au ministère du Budget, Thierry Gaubert est soupçonné par les magistrats d'avoir fait pression sur sa femme, Hélène de Yougoslavie, afin d'orienter son témoignage devant les policiers qui enquêtent sur le financement de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, en 1995. Début septembre, lors de son audition par les policiers, Hélène de Yougoslavie, séparée depuis cinq ans de son mari, a en effet remis aux policiers une clé USB où sont enregistrées les menaces de son mari. Gaubert l'aurait notamment sommée d'assumer la création d'un compte bancaire aux Bahamas ouvert sous le nom de l'épouse, d'affirmer que l'argent d'un compte en Suisse venait de sa grand-mère ou de minimiser l'importance de la maison du couple en Colombie, comme l'avaient révélé des PV publiés par Mediapart. «Il n'y a pas de menace [envers sa femme, ndlr]», s'était défendu Thierry Gaubert lors de sa garde à vue. Qui parlait de «discussion», et concèdait «des propos échangés avec énervement». Ce n'est visiblement pas l'avis du parquet, qui a donc lancé une enquête supplémentaire sur cet aspect du dossier. Hélène de Yougoslavie s'est constituée partie civile. Thierry Gaubert est mis en examen, depuis le 23 septembre, pour «recel d'abus de biens sociaux» dans l'enquête sur les contrats d'armement passés par la France avec le Pakistan et l'Arabie Saoudite ayant potentiellement financé la campagne présidentielle de Balladur en 1995."
lien direct: http://www.liberation.fr/politiques/01012366613-affaire-karachi-thierry-gaubert-soupconne-de-subornation-de-temoin Autre article :
- L'ANCIEN DIR CAB DE BALLADUR CONVOQUE, JDD
AFFAIRE KARACHI : NICOLAS SARKOZY DEFEND SON "AMI' NICOLAS BAZIRE
Le Monde/ 27.10.2011
"..."N'avez-vous rien su d'un financement illégal ?" l'interroge le journaliste Yves Calvi. "Ça fait bientôt 17 ans. Est-ce que vous imaginez que s'il y avait quoi que ce soit à reprocher à M. Balladur, on ne l'aurait pas trouvé ?" a relevé le chef de l'Etat. "Je trouve particulièrement odieux qu'on utilise la douleur de familles [des victimes de l'attentat de Karachi en 2002] au service d'intérêts politiciens, de magouilles et, pour tout dire, dans la volonté de salir les gens", a déploré M. Sarkozy. A la question visant à savoir s'il se sentait "visé" par ces affaires, il a ironisé : "Pas du tout ! Pourquoi ?" avant d’égrener les affaires récentes où son nom a été cité (Clearstream, Bettencourt, Karachi) comme autant de tentatives pour le déstabiliser. "Vous savez, un président doit rendre des comptes, la transparence je suis d'accord, la calomnie, non !" a ajouté le président de la République.
"Deux de vos proches sont néanmoins mis en examen, Nicolas Bazire et Thierry Gaubert…", relance Yves Calvi. "Nicolas Bazire a été votre témoin de mariage. Il ne vous a jamais parlé de financements inquiétants dans la campagne d'Edouard Balladur ?" demande le journaliste. "Nicolas Bazire est quelqu'un que j'aime beaucoup et qui est mon ami. Et maintenant, vous inventez la présomption de culpabilité ? Il a été directeur de cabinet de M. Balladur, ce qui n'est pas infamant à ma connaissance ? Il a toute ma confiance et toute mon amitié", a déclaré M. Sarkozy, convaincu que M. Bazire, mis en examen, est un "homme profondément honnête". "Il ne sortira rien de cela et tout le monde le sait", a conclu le président. ..."
"Deux de vos proches sont néanmoins mis en examen, Nicolas Bazire et Thierry Gaubert…", relance Yves Calvi. "Nicolas Bazire a été votre témoin de mariage. Il ne vous a jamais parlé de financements inquiétants dans la campagne d'Edouard Balladur ?" demande le journaliste. "Nicolas Bazire est quelqu'un que j'aime beaucoup et qui est mon ami. Et maintenant, vous inventez la présomption de culpabilité ? Il a été directeur de cabinet de M. Balladur, ce qui n'est pas infamant à ma connaissance ? Il a toute ma confiance et toute mon amitié", a déclaré M. Sarkozy, convaincu que M. Bazire, mis en examen, est un "homme profondément honnête". "Il ne sortira rien de cela et tout le monde le sait", a conclu le président. ..."
article complet : http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/10/27/affaire-karachi-nicolas-sarkozy-defend-son-ami-nicolas-bazire_1595360_823448.html
20 Minutes / 27.10.2011
"Le collectif des familles des victimes de l'attentat de Karachi a dénoncé vendredi après l'intervention de Nicolas Sarkozy sur l'enquête de Karachi «la consigne claire envoyée au Parquet» par le chef de l'Etat. «Nous prenons bonne note de la consigne claire envoyée au Parquet» par le chef de l'Etat qui a affirmé, alors que l'enquête est en cours, qu'il «ne sortira rien» de la mise en cause de Nicolas Bazire. Les familles des victimes de l'attentat, qui a fait 15 morts le 8 mai 2002 à Karachi, dont 11 salariés de la Direction des Construction Navales (DCN), «déplorent, une fois de plus, le mépris sans limite du chef de l'Etat non seulement à (leur) égard, mais aussi à l'égard du travail des juges d'instruction», écrivent-elles dans un communiqué. «Comment peut-il ainsi évoquer "la douleur des familles", lui qui n'a finalement pas été capable de tenir une promesse aussi simple que celle de nous recevoir une fois par an?», interroge le collectif. «Comment peut-il évoquer la "douleur des familles" alors même qu'un de ses conseillers nous a un jour rétorqué "Monsieur le Président en a assez qu'on l'importune avec des bobos personnels"?» poursuit-il. «Nous ne souhaitons entrer dans cette polémique politicienne orchestrée par Nicolas Sarkozy et lui faisons simplement remarquer que les juges d'instruction en charge des différents volets de cette affaire font un travail remarquable», conclut le collectif...."
lien direct: http://www.20minutes.fr/ledirect/814516/karachi-familles-victimes-denoncent-consigne-sarkozy-parquetLE JUGE VAN RUYMBECKE ENQUETE SUR LES MAISONS NORMANDES DE BALLADUR
L'Express, Jean-Marie Pontaut / 26.10.2011
"...Le magistrat, qui devrait convoquer prochainement l'ancien Premier ministre afin de lui demander des explications concernant l'arrivée de très grosses sommes en liquide sur ses comptes de la campagne présidentielle de 1995, pourrait aborder un sujet plus personnel: ses maisons normandes.
Selon nos informations, le juge et la police enquêtent sur la façon dont Edouard Balladur a acquis une demeure à Tourgéville (Calvados), un an après son échec à l'élection de 1995. A y regarder de plus près, c'est en réalité son épouse, Marie-Josèphe, qui a acheté cette propriété, le 13 juin 1996. Il est vrai que l'endroit a beaucoup d'allure: nous sommes ici dans le secteur le plus chic de la côte, au mont Canisy, dans les environs de Deauville. La maison, avec vue sur mer, comprend 13 pièces, dont 5 chambres, ainsi qu'une salle de projection, 4 salles de bains, un tennis et une piscine carrelée en mosaïque. Cette belle normande, avec sa façade à colombage et ses airs de manoir, représente le comble du sélect dans la région. Depuis le petit chemin boisé qui plonge vers l'hippodrome local, on la devine à peine, cachée dans la verdure.
En 1996, Marie-Josèphe Delacour, épouse Balladur, débourse donc 7,3 millions de francs, soit un peu plus de 1 million d'euros. L'achat, conclu devant deux notaires parisiens, est réglé comptant, sans recourir à un prêt, ce qui est parfaitement légal. Un homme dit avoir permis le rapprochement entre les vendeurs et le couple Balladur: Thierry Gaubert, alors collaborateur de l'ex-Premier ministre, aujourd'hui mis en examen dans le volet rétrocommissions du dossier.
Un autre point ne manque pas de surprendre dans cette opération immobilière: à la même époque, le couple Balladur et ses quatre fils disposent déjà d'une autre résidence pour passer leurs vacances en Normandie! Marie-Josèphe Balladur possède en effet, toujours sous son nom de jeune fille Delacour, une deuxième villa, au coeur de Deauville...."
suite de l'article : http://www.lexpress.fr/actualite/politique/affaire-karachi-le-juge-van-ruymbeke-enquete-sur-les-maisons-normandes-de-balladur_1044341.html
4 / PLAINTE ET DECLASSIFICATIONS
LES SURVIVANTS DE L'ATTENTAT DE KARACHI PORTENT PLAINTE CONTRE LEUR EMPLOYEUR
Le Monde / 18.10.2011
"Selon Europe 1, les blessés de l'attentat de Karachi ont décidé de porter plainte contre leur employeur, la Direction des constructions navales (DCN) pour "coups et blessures entraînant une interruption de travail de plus de trois mois".
"L'objectif de cette plainte est de dénoncer les différents manquements à la sécurité qui ont facilité l'attentat", a expliqué à Europe 1 leur avocat, Me Thibault de Montbrial. Selon eux, la DCN connaissait le danger de la mission et a été incapable d'assurer la sécurité de ses employés.
Principale cible de la plainte, selon Le Parisien, le responsable de la sécurité des employés à Karachi, Gérard Clermont. L'homme n'aurait pas respecté les consignes de base, comme varier les horaires et les trajets, en dépit des menaces d'attentat avérées.
Les survivants espèrent que leur plainte sera versée au dossier du juge d'instruction Marc Trévidic, qui enquête sur les origines de l'attentat qui a causé la mort de onze employés français, le 8 mai 2002. "
Lien : http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/10/17/les-survivants-de-l-attentat-de-karachi-portent-plainte-contre-leur-employeur_1588779_3224.html Autre article :
- LES BLESSES DE KARACHI PORTENT PLAINTE CONTRE DCN, L'Usine Nouvelle
KARACHI : VERS DE NOUVELLES DECLASSIFICATIONS?
Le Figaro / 29.10.2011
"La Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN) a émis deux avis favorables et un avis défavorable à la déclassification de documents secret-défense réclamée par des juges dans le volet financier du dossier sur l'attentat de Karachi.
Ces trois avis ont été rendus par la CCSDN lors de sa dernière réunion, le 13 octobre, et sont publiés aujourd'hui au Journal officiel. Ils portent à dix-sept le nombre des avis publiés par cette commission administrative indépendante dans ce dossier complexe.
Ces trois nouveaux avis concernent l'enquête des juges Roger Le Loire et Renaud van Ruymbeke sur des contrats d'armements, liés notamment à l'attentat de Karachi du 8 mai 2002 (11 Français tués). Dans ce volet, Ziad Takieddine, intermédiaire de ces contrats d'armement conclus en 1994, a été mis en examen le 14 septembre par le juge van Ruymbeke pour "complicité et recel d'abus de biens sociaux" sur fond de soupçons de financement illicite de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995.
Il revient maintenant aux membres du gouvernement concernés de suivre ou non ces avis. Les quelque 180 avis rendus par la CCSDN depuis sa création ont été suivis dans leur quasi totalité par les ministres concernés. Les trois derniers avis favorables à une déclassification de documents secret-défense, rendus il y a un mois par la CCSDN, avaient été suivis par les ministres et les documents "confidentiel défense" ou "secret défense" déclassifiés."
lien direct: http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/10/28/97001-20111028FILWWW00352-karachi-nouvelles-declassifications.phpAutre article :
- KARACHI, LES AVOCATS DEMANDENT AUX SAGES DE CENSURER LE SECRET DEFENSE, AFP
- FILLON AUTORISE LA DECLASSIFICATION DE DOCUMENT SECRET-DEFENSE, Le Monde 29.10.2011
BONUS
EXCLUSIF : FRANCOIS LEOTARD SORT DE SON SILENCE
Nice Matin / 15.10.2011
"...L'ancien ministre de la Défense et président de l'UDF livre sa vérité sur l'affaire Karachi, les porteurs de valises, Takieddine et Balladur. Une interview à découvrir dans les éditions de samedi des titres du Groupe Nice-Matin.
Karachi : "Je n'ai jamais touché d'argent". "Les valises, c'est une image d'Epinal", explique François Léotard, assurant qu'il ne "sait rien" sur les rétrocommissions. Takieddine : "On ne me l'a pas imposé". A l'époque de la signature du contrat, "on ne pouvait pas vendre un boulon sans intermédiaire".
Connaissez-vous la vérité sur l'affaire Karachi ?
"Je connais des choses que je ne vous dirai pas. Pas sur les rétrocommissions car là franchement je n’en sais rien. Mais sur le contrat et les aspects liés au terrorisme j’ai des choses à dire. J’ai été entendu par le juge Trévidic et cela s’est très bien passé. Nous avions la même thèse : c’est l’interruption des commissions qui a causé l’attentat. Il faut également explorer la piste des sous-marins : on ne devait pas en vendre à l’Inde et le gouvernement d’après en a livré des meilleurs. Les services secrets pakistanais pourraient avoir décidé de l’attentat pour cette raison."
lien direct: http://www.nicematin.com/article/derniere-minute/exclusif-francois-leotard-sort-de-son-silenceTOUS LES ARTICLES D'OCTOBRE 2011: