jeudi 22 octobre 2009

[Revue de presse] - [30] - [22 octobre 2009]

KARACHI : GUERRES, MENSONGES ET TRAHISON
Juan, Sarkofrance
"...Secundo, la vente de ces sous-marins en septembre 1994, pour 850 millions d'euros, aurait permis au clan Balladur de récupérer plusieurs dizaine de millions d’euros pour financer, notamment, la campagne présidentielle d’Edouard Balladur au printemps 1995. Pour mémoire, Balladur a dépensé quelques 90 millions d'euros pour sa campagne... sans le soutien du RPR de l'époque, rangé derrière Jacques Chirac.

On sait depuis que Nicolas Sarkozy, alors ministre du budget, avait parfaitement connaissance de la création de deux sociétés intermédiaires devant servir de véhicule financier au versement de commissions occultes vers le Pakistan. Cette semaine, Mediapart fait une nouvelle révélation :
« Les juges d’instruction Marc Trévidic et Yves Jannier, chargés de l’enquête sur l’attentat de Karachi, disposent désormais au dossier de deux documents explosifs issus de la Direction des constructions navales (DCN). Ils confirment, noir sur blanc, la piste du versement de rétrocommissions en 1994-1995 à des responsables politiques français en marge d’un important contrat d’armement avec le Pakistan ».
Selon Mediapart, les deux juges ont mis la main sur deux documents (dont l’un est se dénomme « Concultancy agreement 12 juillet 1994 – Reprise de provision ») saisis dans le cadre d’une instruction annexe. Ces documents « évoquent les moyens pour la DCN et sa filiale DCNI de récupérer les sommes qui n’ont pas été versées aux intermédiaires du contrat Agosta. Ceux-ci devaient toucher, au total, 4 % du montant global du contrat (825 millions d’euros) jusqu’à ce que le versement de 15 % des commissions – soit environ 5 millions d’euros – ait été stoppé net en 1996 par Jacques Chirac, le reste ayant été déjà payé dans un délai inhabituellement court pour ce type de contrat. »

Pire, selon l’un de ces documents, l’un des intermédiaires missionné par la DCN, et agréé par les autorités françaises de l'époque, a agi en «violation de la clause prohibant les retours des commissions en France». Le rapport n'émet qu'une légère précaution :
«Bien entendu, la violation de cette disposition [interdisant le versement de rétro-commissions] devra être établie, preuve à l’appui. Nous partons du principe que cette preuve pourra être apportée bien que DCNI ne dispose à notre connaissance d’aucun élément à cet égard, en dehors des déclarations et instructions en provenance des autorités françaises.»
Un autre témoignage, recueilli par les juges, révèle que le versement des commissions vers le Pakistan aurait duré... jusqu'en 2008, plus de huit ans après que l'OCDE ait interdit de telles pratiques. Le 2 octobre dernier, l'ancien directeur général délégué de DCN Alex Fabarez, a été auditionné les deux magistrats. En mai dernier, son collègue ancien directeur financier de la DCN avait expliqué que les commissions par les FRançais aux Pakistanais s'élevaient à 10% du contrat, soit 85 millions d'euros. Une partie, 6,25%, était destinée aux militaires pakistanais, en transitant par la Sofema, dont l'Etat est actionnaire. Ces commissions ont perduré au moins jusqu'en septembre 2008. Le solde, soit 4% du contrat, était destinait à corrompre des politiques pakistanais. Un intermédiaire, Ziad Takieddine, imposé par le gouvernement Balladur, était en charge de leurs versements et transits...."
lien direct : http://sarkofrance.blogspot.com/2009/10/karachigate-guerres-mensonges-et.html