samedi 4 décembre 2010

[revue de presse] - [86] - [samedi 4 décembre 2010]


Dan Israel, Arrêt sur image
Enquête sur les récents articles du Monde et du Figaro autour de l'attetat de Karachi...
"Le Monde ne croit pas au lien qui pourrait exister entre l'attentat de Karachi, qui a tué 14 personnes dont 11 employés français de la DCN le 8 mai 2002, et l'arrêt du versement des commissions sur ventes d'armes par Jacques Chirac, en 1995.
Et il le dit de façon très nette, sans doute pour la première fois : "Y a-t-il un lien entre l'attentat de Karachi et le financement de la campagne présidentielle de 1995 ? Probablement pas, mais chacun a intérêt à entretenir cette fiction juridique pour faire avancer un dossier si sensible qu'il est constamment menacé d'étouffement."
Ces phrases ouvrent l'article de Franck Johannès, qui détaille la "construction judiciaire un peu acrobatique" du dossier, auquel sont consacrées trois instructions différentes. Le Monde, dans son édition datée du 1er décembre, consacre quatre pages d'explications détaillées à "l'affaire de Karachi, une rivalité d'Etat".


La plupart des éléments avancés correspondent à ce qui a été dit sur notre plateau la semaine dernière. Mais, alors que nos invités étaient restés prudents sur les liens possibles entre arrêt de versement des commissions et attentat, laissant entendre à plusieurs reprises que ce lien n'était pas prouvé, mais pas non plus démenti, Le Monde tranche.
Le lien possible entre les deux éléments de l'affaire -la vente d'armes au sens large, et l'attentat- avait été évoqué pour la première fois en 2002 dans le "rapport Nautilus", révélé en 2008 par Mediapart (comme nous l'expliquions ici). Rédigé par Claude Thévenet, un ancien des services secrets pour le compte de la DCN, il avait été saisi par les enquêteurs au siège de l'entreprise.
La piste pointée par le rapport Nautilus a été propulsée sur le devant de la scène par le juge d'instruction Marc Trévdic, qui enquête sur l'attentat lui-même. En juin 2009, il qualifiait cette piste de "cruellement logique", avant d'indiquer un an plus tard que cette "piste financière" lui semblait la seule "crédible". Mais Le Monde rappelle que l'expertise de Thévenet est sujette à caution : "Il est d'autant plus péremptoire qu'il n'a guère de preuves, et qu'il a facturé sa prestation 40 000 euros : il fallait que la DCN en ait pour son argent." D'ailleurs, "la mission d'enquête parlementaire, en mai, a été estomaquée par ses méthodes"...."


Christophe Barbier, L'express
"Quand Hervé Morin a reçu, des trois services concernés au ministère de la Défense, les documents réclamés par la justice dans le cadre de l'affaire Karachi, il leur a demandé si aucune pièce n'avait été oubliée. "Aucune", ont assuré les responsables. "Mais, quand je leur ai demandé de certifier par écrit que les dossiers étaient complets, qu'ils n'avaient rien caché, raconte l'ex-ministre, l'un des services a subitement retrouvé quelques éléments à joindre à l'envoi..."


Bruno Place, L'observateur du cambraisis
"Jean-Jacques Candelier, député communiste du Nord, également maire de Bruille-lez-Marchiennes et président de la CCCO, est prêt à transmettre au juge d'instruction Marc Trévidic, chargé d'enquêter sur le Karachigate, les documents de la mission d'information parlementaire dont il a été membre et qui examinait les circonstances de l'attentat de Karachi de 2002.
C'est chose faite depuis le 1er décembre. En diffusant ce courrier, Jean-Jacques Candelier prend le contre-pied du président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, qui refusait de transmettre ces procès-verbaux à la justice.
L'Observateur du Douaisis: Pourquoi allez-vous donner vos documents au juge d'instruction ?
Jean-Jacques Candelier: Je veux la vérité pour les familles des victimes. Par principe, je pense qu'il faut aider la justice. Pour moi, on veut étouffer cette affaire.
Les documents que vous avez en votre possession peuvent-ils faire éclater la vérité ?
Je n'en sais rien. Je n'en connais pas le contenu précis et je ne vais pas les potasser pendant mon week-end. Il est possible qu'il n'y ait rien d'intéressant dedans. Je compte les donner simplement pour aider la justice.
Quels sont ces documents ?
Il s'agit de la retranscription précise faite à partir de notes de collaborateurs et d'enregistrements des auditions menées par les cinq parlementaires de cette mission Karachi.
L'interview dans son intégralité dans notre édition du 2 décembre"


Gerard Davet, Le Monde
"L'ancien ministre de la défense (1993-1995) François Léotard a le sentiment que l'attentat de Karachi, qui a fait onze victimes françaises en 2002, est dû à l'arrêt du versement des commissions à des intermédiaires pakistanais, en marge du contrat Agosta signé en 1994. C'est ce qu'il affirme dans son procès-verbal d'audition devant la mission parlementaire d'information, établi le 24 novembre 2009.
Ce document a été remis, mercredi 1er décembre, au juge antiterroriste Marc Trévidic par le député communiste (Nord) Jean-Jacques Candelier, membre de la mission. Le Monde a pu consulter les déclarations de l'ancien ministre du gouvernement Balladur : "Soit c'est Al-Qaida, mais cela me paraît peu probable compte tenu de la nature des explosifs utilisés, soit c'est une vengeance de personnes n'ayant pas touché leur part de commissions, dit M. Léotard aux députés qui l'interrogent sur l'attentat. Je penche personnellement - mais c'est juste un sentiment - pour la deuxième hypothèse."

Ces propos viennent conforter la thèse avancée par le juge Marc Trévidic dans l'enquête sur les origines de l'attentat : en interrompant, en 1995, le circuit des commissions versées à des intermédiaires, en marge du contrat Agosta de vente de sous-marins au Pakistan, le président Jacques Chirac aurait enclenché un mécanisme infernal.

Selon M. Léotard, d'autres membres du gouvernement Balladur avaient également suivi les péripéties du contrat. "J'évoquais souvent avec Alain Juppé, alors ministre des affaires étrangères, les contrats d'armement en cours de négociations, rappelle-t-il. J'ai toujours informé l'Elysée et Matignon du nom des intermédiaires." Il a nommément désigné ceux qui, à son cabinet, traitaient le dossier Agosta, parlant de Renaud Donnedieu de Vabres, son conseiller spécial, et de Hervé Morin, conseiller parlementaire et futur ministre de la défense de Nicolas Sarkozy.

Contacté par Le Monde, M. Morin s'est défendu d'avoir pris part aux négociations : "Je n'ai jamais participé à ces contrats militaires, assure-t-il. Il suffirait de consulter le registre des entrées au ministère de la défense : le vrai patron, à l'époque, c'était Renaud Donnedieu de Vabres..."

Ancien directeur de cabinet de M. Balladur à Matignon, Nicolas Bazire a également été auditionné par la mission parlementaire, le 17 novembre 2009. Il a nié l'existence de rétrocommissions : "Je juge probable le versement de commissions à la signature, mais impossible car immoral et inutile le versement de rétrocommissions, a-t-il expliqué aux députés. Il me semble peu probable que des intermédiaires proches du pouvoir en place en 1994 déclenchent un attentat sept ans après pour le non-versement de 15 % des commissions…"

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Les pensées de Manu
"Ké Karachi ?
Non amie blonde Karachi ce n'est pas le dernier it-cocktail de l'hiver ou le nom d'un jeune créateur qui monte.
Karachi c'est une ville du Pakistan.
Un pays exotique situé vers l'Inde où les dirigeants sont des méchants à moustaches mais on ferait semblant qu'ils seraient gentils cause qu'ils ont la bombe atomique et qu'ils vont tout faire péter si on les fait chier.

Alors me demandes-tu pourquoi parle-t-on du Pakistan pour une affaire qui se passe en France et à laquelle tu ne comprends que couic de rien du tout.

Bouge pas, je t'explique. Dans l'ordre chronologique pour que ton neurone arrive à s'y retrouver. Oui, l'histoire elle commence il y a un poil longtemps mais en visionnant les défilés Chanel et Versace de l'époque, tu devrais pouvoir connecter..."